Charles WEIRICH - Sdt - Mat 5136

3ème Compagnie - Recce

 

 

 

Sdt Weirich Charles
3ème Compagnie - Recce
Matricule : 5136

  

Charles Weirich,  ce Luxembourgeois du Grand-Duché fut déjà légionnaire avant la guerre.  Beaucoup de ses compatriotes avaient ainsi rejoints la Grande-Bretagne.
Il était titulaire de la Croix de Guerre française.  Guy Weber lui demanda, pourquoi il n’en portait pas le ruban,  il lui répondit froidement :  « Parce que je ne la méritais pas ».  En Tunisie,  à Pont-du-Fahs,  il est le radio du chef de section.  Et sur le poste qu’il porte sur son dos,  se trouve un tonnelet de gros rouge,  bien enveloppé dans la toile de tente.  On croirait un paquetage réglementaire.  Calé dans son trou individuel,  Weirich transmet des messages et picole.  Il est tellement bourré au cours de la nuit,  qu’il ne se rend pas compte de l’attaque allemande qui a submergé les positions françaises.  Le voilà seul,  dans l’obscurité,  dans le bruit de la canonnade et le crépitement des armes automatiques.  Mais il reste en réseau avec l’échelon supérieur et répond à tous les appels.  « Comment me recevez-vous ? A vous ! »  « Fort et clair – cinq sur cinq – A vous ! ».  A l’aube,  après la contre-attaque française,  Weirich est toujours au même endroit.  Et il est fêté comme un héros par ses camarades.  Mais comme CharlesWeirich n’est pas un tricheur,  il répond de sa voix caverneuse :  « Pas de salade...J’étais bourré ».

 

 

 

Chant de marche de la légion adopté par la Brigade Piron (2)

Refrain :
En marchant sur la grand’route, souviens-toi,  oui,  souviens toi !
oui,  souviens-toi !
Les anciens l’ont fait sans doute, avant toi,  bien avant toi !
De Gabes à Tataouine   (d’Angleterre en Normandie) (1)
De Gafsa à Medenine,   (de Hollande en Germanie)
Sac au dos,  dans la poussière, marchons les légionnaires    (les volontaires)

1e Couplet :
J’ai vu mourir un pauvre gosse,
un pauvre gosse de dix-huit ans, de dix-huit ans. 

Tué par une balle féroce,  il est mort en criant « Maman ! »
C’est moi qui ai fermé ses paupières,
recueilli son dernier soupir,  et qui ai dit à sa pov’mère, 

comment un légionnaire sait mourir (un volontaire)
Et après tout,  entre nous qu’est-ce que ça fout ?

Refrain :
En marchant...

Entre parenthèses,  les paroles introduites à la Brigade Piron pour remplacer les références à la Légion.

Introduite par les anciens de la Légion Etrangère à la 1e Brigade Indépendante Belge de Grande-Bretagne en 1943,  cette chanson de marche est devenue le chant du Bataillon « Libération » à Duisdorf (Bonn) en 1945 et à Siegen (1949).

Il a été abandonné lorsque cette unité est devenue néerlandophone.

 

Guy Weber écrit :  Charles Weirich fut pour moi le plus dévoué,  le plus soucieux de ma sécurité,  le plus paternel.

 

Le 10 octobre 1944,  la Brigade Piron occupait le long du Canal de Wessem,  un secteur dont l’inconfort était total.  La 3e compagnie motorisée,  celle du major Paul-Louis Nowé,  occupait la position de Thorn.  Louis Thumas et son peloton se trouvaient à la « briquetterie ».  Un avant-poste,  un poste d’écoute,  avait été installé à Santfort,  là,  en avant,  à deux kilomètres à peine,  dans une ferme isolée,  en bordure même du canal.  Le sous-lieutenant Bury et sa section de reconnaissance (la « sout-section ») remplissaient le rôle de sonnette d’alarme.  Mais à l’aube de ce 10 octobre 1944,  la « sonnette » était cassée.  Elle ne répondait plus.  Ni au téléphone de campagne,  ni par radio,  ni aux observations les plus avancées,  à la jumelle.  Mystère ?  Le patron Louis Nowé décida d’y voir clair et expédia Jean Junion avec une patrouille de reconnaissance pour prendre contact avec ce silence inquiétant.  Il revint avec des nouvelles navrantes.  La « scout-section » avait disparu.
 (voir témoignage Francis Guyot).

Le major Nowé suggéra à Guy Weber d’étoffer une nouvelle unité de reconnaissance.
Cette nouvelle « Scout-Section » était composée de trois chenillettes dites « Bren-Carriers » et de leur équipement ainsi que d’une motocyclette B.S.A. et d’une camionnette Bedford.  Citons les membres de cette nouvelle équipe :
Pierre Rongé,  Debusser,  Strybosch,  Achille Goris,  Marcel Van den Broeck,  Jim Eveling,  Georges,  Schenten,  Schwebach,  Thoss,  Weirich,  Camille Weiss,  Marcel Besch,  Edgard Steffen,  le radio qui s’appelait Sojka et le brave petit Swerts.
(voir témoignage Guy Weber).

Le 17 novembre 1944,  la Brigade était relevée par les Britanniques dans le secteur de Wessem.  Au repos à Louvain pendant quelques jours,  Charles Weirich s’en fut en congé à Paris.  Pas moins...  Avec pour tout pécule,  un « kit-bag » de pierres à briquets qu’il avait « découvertes » Dieu seul sait où,  et dont le marché était à l’époque,  complètement dépourvu.  Il les monnaya si avantageusement qu’il mena grand train de vie pendant une semaine et revint « complètement lessivé ». 
La Brigade Piron s’installa ensuite dans la région de Saint-Nicolas Waes pour se transformer conformément à l’ordre de bataille classique d’une brigade anglaise.
Mais il fallait instruire les renforts.  Dans une école de Tamise,  ces légionnaires du peloton « Bren-Carrier » du bataillon de Maurice Poncelet,  firent beaucoup souffrir ces fils de famille qui s’étaient engagés dans la « cavalerie » de la brigade.

La nouvelle « 1e Brigade d’Infanterie LIBERATION » remonta au combat le 3 avril 1945.  Sur le front hollandais à Leeuwen et Drutten,  elle relevait le 49e Régiment canadien de reconnaissance.
Dans une nuit d’encre,  ces nuits de guerre sans lumières,  aux routes jalonnées par des feux tamisés et occultés,  par des pancartes phosphorescentes de la Police Militaire,  la compagnie d’armes lourdes de Jean Saussez s’ébranlait.  Le 12 avril 1945,  le peloton de reconnaissance prenait position entre le Waal et le Lek sous le commandement de la 1e Division Blindée canadienne.  Le commandant de la brigade,  le colonel Piron,  jouait les Père Noël.  Il ne manquait jamais de visiter chacune de ses sous-unités en ligne.
Et ce jour-là,  il leur apportait des friandises.  Se dirigeant vers un point d’appui truffé de « Booby-Traps »,  son pied accrocha le fil d’un « Trip-Flare » (pot lumineux) qui,  en plein jour,  cracha son jet de phosphore inutile.
 Comme un bolide,  Charles Weirich sortit de la cave qui abritait les défenseurs du coin,  pour s’écrier :  « Quel est le c... qui a accroché le fil ? »
Jean Piron connaissait les légionnaires et savait s’en faire entendre.  Il lui dit : « Viens ici,  toi...  Tu as fait la Tunisie n’est-ce pas ?  Et où as-tu été cité ? ».
 Et Charles Weirich qui aurait fait peur au diable,  rougissait comme une jeune fille prise en flagrant délit.
Et le 8 mai 1945,  l’Allemagne nazie capitula.  Au mois d’août suivant,  les volontaires de guerre furent démobilisés et parmi eux,  les Grand-Ducaux qui rentrèrent dans leur pays.

 Charles Weirich retourna à la Légion Etrangère après la guerre,  il est tombé au Tonkin (Guerre d'Indochine).  Que la terre d’Extrême-Orient soit légère aux cendres de ce Soldat qui voulait « casser la gu... » à tous les Allemands de la terre.

 


Monument aux morts à Aubagne - France

En souvenir de notre ami Luxembourgeois Charles Weirich qui s’est battu pour notre liberté !

 

 

Extrait :

« Les Belges et la Légion Etrangère »
par Guy Weber

 

 

mise en page par Didier Dufrane