EVRARD Hubert - Cpn - Mat 36565

3rd Company - Second Commander

 
 

 

Témoignage de Guy Weber édité dans le bulletin d’information BBH (1978)

 

 

 

Capitaine Hubert Evrard
3e compagnie
2 i/c. Adjoint du Major Nowé
matricule : 36565

Origine du badge "Polar Bear"

 

PAUSOLE N’EST PLUS...

 

J’ai devant moi une carte-vue des Antilles,  datée du 1e mars 1978 et sur laquelle figure le texte manuscrit suivant :
« Je vogue dans la mer des Caraïbes : le pays des flibustiers, des boucaniers et des pirates.  Nous aurions pu être parmi eux... Je rentre à Bruxelles le 12 mars.  Signature : Pausole.  Et deux heures plus tard,  il installait un fauteuil sur le pont de ce bateau de plaisance et s’affaissait d’une crise cardiaque...

Pausole ?  C’était Hubert Evrard,  le capitaine qui secondait Louis Nowé au commandement de la 3e compagnie indépendante.  Musclé comme un commando (dont il avait fait l’école),  son vocabulaire rabelaisien permettait de faire face aux légionnaires qui se seraient aventurés à vouloir intimider le « petit père Nowé ».  Le major Nowé était si débonnaire et tellement paternel : il avait fallu lui adjoindre une « brute ».  Et je puis vous jurer qu’il n’en était pas une...

Il était le boute-entrain des officiers de cette compagnie.  Il incarnait la fureur de vivre.  A travers les tempêtes qui secouèrent les forces de terre en Grande-Bretagne,  il garda un moral de fer et une foi inébranlable dans l’issue finale.

Walton-Hall août 1942
Capt Evrard

Walton-Hall août 1942
de gauche à droite
Capt. Evrard, Maj Nowé, Lt. Meny, Slt. Klein

                                                                                      
                                                                

de gauche à droite,
Le major Nowé,  capitaine Evrard et lieutenant Detiège.

A la fin de l’année dernière,  pour être certain de ne pas raconter de « colles » dans ce livre que je construisais,  j’étais allé lui confier le manuscrit en lui demandant d’être mon premier lecteur et surtout un impitoyable censeur.  Il me rendit « Des Hommes Oubliés » huit jours plus tard,  en me disant :  « Tu m’as fait pleurer... »
Pourquoi m’étendre sur ce qui nous liait ?  Vous découvrirez tout cela dans le bouquin dont il est un des principaux acteurs.  Et je suis tellement content qu’il en ait été le premier lecteur... Quelle prétention sans doute,  de croire que cette lecture fut un baume sur la nostalgie qui était devenue la sienne au soir d’une vie sans épouse,  sans enfants,  peut-être sans affection.  Il m’avait déclaré à Waterloo,  devant le monument où l’on apportait de la terre de Sallenelles :
 Le plus beau souvenir de ma vie ?  C’est la Brigade...   Et Dieu sait s’il s’était « colleté » (terme élégant pour la circonstance),  avec le « Lion ».
Il avait quitté la Brigade avec fracas quand Nowé fut remercié.  Ce geste de loyauté l’honorait.  Et il était devenu 1e commandant de l’école de Seilles.
Il préparait des officiers à être dressés par le major Cumont.

Hubert Evrard a rendu d’immenses services à la Belgique.  Vous ne trouvez pas que ce sont là,  des choses qu’on n’ose plus dire ?  « Ca fait vieux jeu »...
Et pourtant,  c’est vrai.  Il en a fallu des « EVRARD » pour laver les insultes de 1940...
Il m’avait un jour montré des photographies sur lesquelles on le voyait sous-officier au 9e régiment de ligne,  il y a très longtemps de cela,  quand les soldats belges avaient encore des « cols droits » et que les galons de sergent faisaient de grandes arabesques sur les manches.  Il m’a fourni plus de douze photos pour ce livre qui finissait par le passionner autant que moi.

De gauche à droite : major Nowé,  colonel Piron et capitaine Evrard
Normandie,  QG à Hauger – début août 1944.

Pausole,  je n’oublierai pas la cuisine de Sallenelles,  la route de Foulbec, ta fureur à Heppen et ta protection à Louvain.  Personne ne t’a aimé ?  Si,  nous, tes anciens et je sais qu’Armand et le Beul te regrettent aussi...  Tu étais un rayon de soleil,  un éclat de rire dans cette page de violence que fut notre jeunesse.  Dis-nous,  tu as certainement retrouvé le Rik Paternotte,  là-haut ?

Quelle virée vous allez faire !!!...

 

Guy Weber,  alias Pontcarral

Apparu dans le Trimestriel Fraternelle Brabant-Hainaut,  le 4 avril 1978.