Prosper DEMAN - Cpl - Mat 3551 3ème Cie - 5ème Pl - 1ère Sec |
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Caporal Deman Prosper
3ème Compagnie - 5ème Peloton d'assaut - 1ère Section
Matricule : 3551
En résumé, Prosper (Bob) Deman était l’enfant terrible du peloton, l’homme à tout faire, peur de rien et toujours volontaire pour des missions de reconnaissance. Ce sont là les propos des Sergents Dufrane et Cocriamont.
Anecdotes concernant le caporal Deman écrites par le Sgt. Dufrane (souvenirs de guerre 1940-1945)
En Normandie
Caporal Deman avec le 5e peloton d’assaut.
Bob Deman à Auberville
Thorn (1ère Campagne de Hollande)
“Attaque sur un pont du Canal de Wessem le 30 septembre 1944”.
Nous allions partir à l’attaque sans capote pour avoir plus de liberté des mouvements, j’étais un peu ennuyé car ce cher Bob Deman avait ses chaussures en réparation et se trouvait en pantoufles P.T. Il faisait un temps gris et la température n’était pas très favorable. Le peloton s’ébranle et gagne la ligne de départ de l’attaque, nous y sommes en quelques minutes. Le lieutenant sort son revolver et regardant sa montre, il lève le bras, fait un large geste et crie : “5e peloton en avant”. Dans l’ordre 1e , 2e et 3e sections, nous sortons du village sans voir un chat, nous sommes dans les prairies. C’est à ce moment que venant de notre droite, les chars Patton débouchent avec un bruit de ferraille. Ils s’arrêtent un instant pour tirer et reprennent leur progression. Quand le terrain le permet, ils s’établissent en éventail devant nous. Cela nous donnait une impression de sécurité et nous pensions que rien ne pouvait nous arriver! Nous dépassâmes un terrain de football sur notre droite. Nous étions maintenant dans les champs avec sur notre gauche un large et haut talus que nous longions. A ce moment même, venant de devant nous et un peu vers la droite, nous arriva des tirs de MI ; aucun accident de terrain ne pouvait nous protéger et il nous semblait que les tirs venaientd’une grosse ferme (Zegershof). (voir témoignage de Louis Thumas, rubrique Attaque vers le Canal de Wessem).
A ce moment, Eugène Lauwereins, en tête de sa section fut blessé grièvement. Son adjoint, le caporal Deman prit de suite la section en mains et la fit passer dans un fossé assez profond avec une quarantaine de cm d’eau. Bob Deman emmena la section vers le bout du fossé, la 2e section de Cocriamont ainsi que la mienne suivèrent le mouvement.
Les chars Patton avaient fait demi-tour, vu leurs situation, à découvert dans les champs, ils furent de merveilleuses cibles pour l’artillerie allemande.
La ferme “Zegershof”
Bob Deman, qui avait ses chaussures au ressemelage, est chaussé de pantoufles de P.T. et a les pieds comme des glaçons. Avec Bob Deman, j’installe le brengun et demande au tireur Arsène Pauchenne de venir se mettre près de moi, ce qu’il fait immédiatement, c’est en se tournant légèrement pour retirer ses chargeurs de ses cartouchières qu’il est touché d’uneballe dans le ventre. Bob Deman et moi-même le retirons par les pieds dans le fossé. Pauchenne est évacué vers l’arrière.
Le soircommençait à tomber, l’artillerie en nemie avait cessé son feu. De temps en temps nous recevions encore des tirs de mitrailleuses, mais dans l’ensemble, c’était calme. Rien à boire ni à manger, rien ne venait de notre côté, nous avions caressé l’espoir qu’avec la tombée de la nuit, un peu de ravitaillement nous arriverait avec quelques munitions, car nous n’avions emporté que la dotation normale pour une attaque mais pas pour une défense prolongée. D’attaquants nous étions passés défenseurs. A ce moment à notre droite vers l’emplacement de la 1e section, des hommes crient : “les boches sont là”… et les premières explosions se font entendre, ces sont des grenades.
Aussitôt toute la ligne prend feu, nous lançons fusée rouge surfusée pour avoir un barrage d’artillerie, mais où faut-il taper? La radio ne marche plus, nous tirons devant nous comme des enragés, Bob Deman a pris le brengun, il vient déjà de changer le canon en se brûlant les mains, mais il continue à tirer comme un fou. Deman hurle à sa pièce et les chargeurs succèdent aux chargeurs, l’homme du Bren a du mal à suivre la cadence, pour plus de facilité Bob Deman trempe tout simplement le canon du Bren dans l’eau du fossé, ça va plus vite, un Bren ça se remplace!... Enfin, ça a l’air de se calmer…
Le secteur à Hunsel
Le lendemain nous remontons en ligne mais dans un autre secteur, nous occupons une ferme comme point d’appui, les fermiers ont disparus.
Le temps est beau et la fenêtre est ouverte, nous avons poussé la table contre elle et dessus avons placé le brengun, celui-ci est bien nettoyé et bien huilé, les chargeurs ont aussi été soignés; Bob Deman est occupé à poser ses grenades à une seconde contre la base des arbres du verger qui nous fait face, pour ce faire il a rassemblé les boîtes de conserve vides et les fils convergent vers la table où sur une simple traction les grenades sont enlevées de leurs boîtes et explosent, la goupille ayant été retirée auparavant, c’est un travail délicat et Bob Deman est passé maître dans l’art!!!
Quelques jours après on m’annonce l’arrivée de mon jeune frère Jean-Marie, il venait de débarquer avec un premier renfort d’Angleterre. Me cherchant, ne se doutant de rien et n’ayant pas vu les fils de grenades, il s’y empêtra et il y eut des explosions tout autour de lui. Belle entrée en matière vraiment que celle-ci. Embrassade entre-nous, mais engueulade de la part de Bob Deman, tout y passait du vocabulaire, il fallait se mettre à sa place, le travail était dangereux et il voulait toujours être seul pour l’exécuter.
Ce sont là seulement quelques anecdotes concernant la bravoure avec laquelle Bob Deman a participé durant toutes les campagnes où la Brigade Piron a été engagée.
Extraits
“Souvenirs de guerre 1940-1945”
par Pierre Dufrane
Mise en page par Didier Dufrane