VOGLAIRE Désiré - Pvt - Mat 10367 3rd Battalion - D Coy |
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Témoignage édité dans le bulletin d’information
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Avril 1945 – Accrochage à Opheusden (Hollande)
Le 18 avril 1945, par une manoeuvre habile et audacieuse, notre 3e bataillon s’était installé dans le flanc de l’adversaire en enlevant le village de Opheusden.
Notre compagnie, la D Coy, occupait des positions dans cette localité. Un peloton face à Kesteren, un autre sur la digue à hauteur de l’hôtel « Het Zwaantje », et le dernier dans la rue principale où le P.C. de la compagnie était installé dans la maison du notaire, partiellement détruite par un coup direct.
Les allemands tenaient les points d’appui de la Grebbelinie, ligne de défense construite avant 1940 par les Hollandais. Quelques jours après la prise de Opheusden, le secteur était calme, rien que des patrouilles, des tirs de mortiers et de « 88 » venaient troubler notre quiétude.
Position du 3e bataillon à Opheusden |
No man’s land |
Il était 0 h 30, quand subitement le commandant de la C Coy, le capitaine Goormans, nous signale par téléphone qu’une forte patrouille allemande s’infiltre le long de la digue en direction de notre compagnie. L’alerte est donnée et en très peu de temps nous étions prêts à les recevoir.
Aussitôt des rafales partent devant nous, c’est le Bren-gun de la section de notre 1e peloton qui se trouve sur la digue et qui vient d’ouvrir le feu. Les Allemands ripostent immédiatement par leurs armes automatiques, lancement de grenades, tirs de mousqueterie et même de panzerfaust. Des éléments ennemis continuent leur infiltration avec mission probable d’attaquer le P.C. du bataillon qui se trouve en face du cimetière derrière notre compagnie.
Dominant ce déluge de projectiles, notre commandant de compagnie, le Capitaine Dewaele, en bras de chemise, la mitrailette au côté, fait le coup de feu avec nous, tout en donnant des ordres précis et efficaces. Cet officier est aimé et admiré par tous ses hommes. En toutes occasions « Popa Dewaele » garde le sourire et un flegme vraiment britannique.
Des fusées rouges sont tirées du côté ennemi. Pour lui permettre de décrocher, il demande l’appui de son artillerie qui entre en action et nous sommes littéralement arrosés par des obus de « 88 ». A ce moment, j’aperçois une ombre à califourchon sur un mur d’une maison détruite en face de l’habitation du notaire. Je vais appuyer sur la détente de mon sten-gun, lorsque je reconnais notre ami Tchène qui tranquillement est parti voir ce qui se passait de ce côté.
J’ai eu chaud.........................lui aussi !
En ce moment, l’accrochage atteint son paroxysme. Puis brusquement, sans transition, ce vacarme cesse. Le sommet de la crise est dépassé, l’épreuve de force a tourné à notre avantage.
Seules des rafales de Bren sont encore tirées rageusement devant nos positions. C’est alors que je constate la disparition du bren-gun de réserve qui se trouvait chez les T.S. dans la véranda du notaire. Cette arme sera remise en place le matin par des mains inconnues. Evidemment, pas moyen de savoir ce qui s’est passé vraiment.
Il me faudra attendre plus de vingt ans pour connaître la clé de ce mystère.
A l’occasion d’une rencontre amicale, les auteurs de cet « emprunt » m’ont tout expliqué :
Au moment du replis des allemands, la maison occupée par la section du sergent Vets François du 1e peloton D Coy fut touchée par un « 88 ».
Accompagné par Carlier Roger, le sergent Vets sorti pour examiner les
dégâts et venir faire rapport. Arrivés au P.C., la vision de cette arme inoccupée
qui leur tendait les bras, leur donna une idée. Nos amis Roger et François
adoptèrent ce bren-gun avec chargeurs et s’élancèrent à la poursuite des derniers Allemands qui s’empressaient de quitter notre position en se courbant sous les
rafales de nos deux téméraires.
Un Allemand blessé grièvement hurle de douleur à 30 mètres de nos lignes. Le sergent Roland va le rechercher, mais la mort avait fait son oeuvre lorsqu’il le ramène dans nos positions. Nous constatons que c’est un feldwebel d’une unité parachutiste.
Par une chance extraordinaire aucune perte ne fut à déplorer à notre compagnie.