SAUVAGE Henri - Lt - Mat 39384

Arm. Cars Squadron Leader Troop 1

Photos et témoignage transmis par sa fille Caroline

Henri SAUVAGE est né le 28 décembre 1915.

 

Il s'engage au 1er Lanciers caserné à Spa dès 1935. En 1938, il est nommé Sous-lieutenant et est admis comme élève observateur à l'école de pilotage.

En août 1940, il rejoint les Forces Belges de Grande-Bretagne.

Durant le début de la Campagne de Normandie, il commande la Troop 1 de l'Escadron d'Autos-blindées. Il sera blessé à Sallenelles le 16 août 44 et évacué vers un hôpital anglais. Néanmoins, il rejoint la Brigade en Belgique et participe à la Campagne du Limbourg Belge et de Hollande.

Il est nommé capitaine en mars 45.

 

En 1963, il repasse à la Force Aérienne et prendra sa pension en 1971 avec le grade de Colonel d'Aviation.

 

Il décèdera en 1973.....

 

21 Juillet 1943. Londres. Défilé des Humber MkI Angleterre 1943. Humber Mk I de l'Escadron en inspection.
1945. Le Lieutenant Sauvage 13 Mai 1945. Défilé de la Victoire à Bruxelles. Le Capitaine Henri Sauvage sur "Sallenelles", MATADOR du 1er Régiment d'Autos-blindées.

 

Journal de Campagne du Lieutenant Henri SAUVAGE, Chef de la Troop1 – Esc AB

Campagne de Normandie

Au moment de débarquer sur le continent, l’Escadron est à 100% d’effectifs. Certains équipages ont trois ans de vie en commun, soixante manœuvres, douze Battle Inoculations, un équipement ultra moderne pour l’époque… et surtout une valeur technique et un moral extraordinaire.

L’Escadron comprend :

-          Une Troop Etat-Major (4 blindées, 2 scout-cars, des staff cars, des jeeps et quelques motos)

-          Cinq Troops de reconnaissance (3 autos blindées DAIMLER, 2 scout-cars, 2 motos NORTON 500cc, 2 jeep Winklers à 3 hommes pour les actions spéciales)

-          Deux Troops administratives avec motos et camions

Le matériel blindé est sans doute le meilleur existant à l’époque. Sa vitesse est de 90Km/Hr. Il est armé d’un canon de 47mm qui perce 80mm à 800 mètres, d’une BESA, solide mitrailleuse qui ne trahit jamais et des lance-grenades et lance-fumigènes.  En outre, ces autos-blindées ont la possibilité de passer en marche arrière avec volant arrière à du 60 km/Hr. Bref, ce sont des véhicules de rêve.

En tout, il y a environ 250 hommes, 30 blindés et 60 véhicules.

Il est commandé par le Major de Selliers de Moranville avec comme adjoint, le Commandant Ch. Lancksweert.

Le 4 août 44, l’Escadron s’embarque à Tilbury et le 7 août 44 à 18hr30, les côtes françaises, Arromanches.

Le 8 août à 8hr30, transbordement du « Liberty Ship » sur les LCT (landing crafts). Une lutte de position sournoise acharnée commence entre les pelotons pour être le mieux placé… et toucher le premier la terre de France.

13hr31. Le premier véhicule roule sur le sable de Normandie. Certains se précipitent, ramassent, qui un caillou, qui, un peu de terre… Un vieux dur de la légion pleure… Ca y est … enfin ! Pour certains, cela fait 4 ans et un mois d’attente récompensée ! Ceux de la Brigade avaient depuis le 6 juin une crainte intense… celle d’être bordés dans l’ouate et de ne servir que de paradeurs pour la rentrée à Bruxelles.  Les promesses officielles ne changeaient rien. Tous voulaient atteindre la Belgique, mais TOUS voulaient le mériter… avec les risques inhérents.

Le 11 août, la Brigade est mise aux ordres de la 6ème Division Aéroportée. Elle prend secteur sur le canal de Caen, entre la côte et Sallenelles. A sa droite, une Brigade de Commandos.

L’Escadron est cantonné en arrière, prêt à foncer au cas où l’ennemi décrocherait.

Village choisi : l’Ecarde. Excellent fond marécageux, propice à l’élevage intensif du moustique musical et piquant. Les premières nuits sont terribles. Maints visages boursoufflés sont méconnaissables au petit déjeuner. Mais le belge qui sort du tombeau, y rentre précipitamment : tranchées, vieille caisse : filet de camouflage. Le tout hermétique ou à peu près et humecté de citronnelle. L’Escadron a sauvé la face au sens propre ; hélas la nuit suivante un orage torrentiel inonde les troglodytes.

 13 août. La fièvre est dans l’air… Il parait que la grande offensive est pour bientôt. Une opération limitée à objectifs restreints est préparée et répétée : - percer la croûte défensive ennemie, renforcée depuis deux mois de guerre statique. Nos winklers sont rassemblés sous les ordres de Flori, le sous Lieutenant Floridor (notre star de Sandhurst), et va occuper la ferme du Buisson. Un endroit infecte, un abcès dans le périmètre ennemi entouré de cadavres de bovidés, des moustiques et des vis-à-vis aussi hargneux le jour que la nuit. Pour s’y rendre, concerto de snipers accompagnés de mortiers. Il faut courir vite… ou savoir ramper à la sioux à dos plat.

 16 août. L’opération PADDLE est pour demain à 07.30, derniers préparatifs fièvreux, le moment de vérité approche : pour ceux de 1940, c’est le grand retour avec ses peurs, ses angoisses et son fol espoir. Pour les bleus, l’inconnu, la vérité, entrevus au cours des Battle courses ou lus dans maints récits.

L’aumônier annonce un service religieux. Tous y sont présents. Protestants, athées, francs-maçons, catholiques et mahométans. Ses paroles résonnent encore « mes amis, quelque soit votre croyance, laissez-moi être votre interprète entre vos pensées et celui ou celle à qui vous les adressez, entre votre conscience et votre espoir, entre Vous et votre Foi ». Ce sont trente minutes d’une intense élévation morale d’une pure communion d’êtres humains si dissemblables mais unis par le ciment du don de leur vie.

Quand on a vécu de tels instants, comme les petitesses de la vie de temps de paix peuvent paraitre odieuses. L’après-midi, l’Aumônier Kremer est blessé en évacuant des civils de Sallenelles.

Au soir, veillée d’armes, derniers ordres. Qui aura l’honneur d’ouvrir la marche ? La compétition est acharnée. Le Major de Selliers, aussi diplomate que baroudeur, accorde aux pelotons commandés par les plus anciens dans l’Escadron le droit de partir en tête. Les axes sont tirés au sort.

Le 3ème Peloton (Lt Verhaeghe de Nayer) progressera sur l’axe Sallenelles-Franceville-Plage.

Le 1er Peloton (Lt Sauvage) à sa droite sur l’axe Hauger-Merville-carrefour 1680.

Les autres Troops en réserve, prêtes à exploiter.

Les winklers sortent de l’enfer du Buisson et rejoignent leurs troops.

La nuit est belle, étoilée. L’activité est intense. Le bruit incessant. Une nuit de zébrures, de traçantes d’éclats de magnésium « un 21 juillet dans le ciel » mais un enfer sur terre. La Royal Navy gronde. L’aviation strie le noir. Comment dormir ?... Vite que demain soit aujourd’hui…

17 août. 2hr du matin, le Lt Dewandre, chef du 2ème Pl est réveillé. Sa troop doit d’urgence relever un peloton de la 2ème Compagnie envoyée en patrouille de combat… 5 hr,… 6 hr… Vains essais de dormir.

6 heures : debout, les cuistots attitrés ont préparé un breakfast du tonnerre. On ne sait pas quand aura lieu le prochain repas. On ne part pas vers l’inconnu le ventre vide. Certains ont peur, mais tous ont l’appétit.

7hr15. Dernier « O Group ».  Tous assistent. Les deux chançards reçoivent des tonnes de « Cambronne » les derniers tuyaux….

Chacun est à son poste.

7hr20. Voici « Le Lion » (Col Piron) et Poncelet.

« Alors les blindés, on est prêts ? » - Charles-Emile d’Oultremont, le châtelain du 5ème, lui répond magnifique : « Question superflue, Sir ». Piron, désarmé, rit (tous rient).

7hr25. Le Lt Lefebvre, un des premiers en Grande-Bretagne en 1940 accompagne sa section du génie attachée au 1er peloton. Histoire de prendre l’air et d’étudier les mines de près.

7hr30. Heure H. “PADDLE NOW”.

Les premiers mètres d’une chevauchée de 500 kilomètres.

Le 1er Pl opère dans le secteur de la 2ème compagnie. Celle-ci progresse lentement dans ce terrible labyrinthe qu’est le bocage normand. Et nos pauvres autos-blindées doivent jouer un rôle de chars. Chenillés elles qui sont à roues et tenues aux chemins.

On voit à 50 ou 100 mètres devant soi. Sur les côtés, 5 à 6 mètres et partout des haies. Deux, trois mètres de haut, épaisses comme des murailles. L’artillerie tonne… 200 mètres en 30 minutes. Premières obstructions. Des entonnoirs énormes arrêtent le peloton. L’infanterie et winklers poussent à pied comme dans la jungle. Le génie, extraordinaire, comble les trous, juste ce qu’il faut pour que le peloton passe, sans un mot, avec une efficacité admirable.

Encore 300 mètres, ça travaille de partout et les blindés ayant rattrapé les fantassins commencent un tir efficace à priori, au ras des haies, dans les arbres. Mieux vaut une mitrailleuse usée qu’un soldat tué…. Il faut terrer l’ennemi à l’affut, éviter l’embuscade, le tir de panzerfaust, à 50 mètres qui ne pardonne pas.

Encore 100 mètres Le peloton n’est plus loin de la fameuse ferme du Buisson à sa droite. Voici les premières civières, les premiers blessés de la 2ème compagnie que l’on croise. Les blindés roulent dans une herbe haute de 40 à 50 cm. La verdure a eu le temps de recouvrir mines et pièges ! L’ennemi arrose… surtout du mortier moyen.

10 Hr. On a progressé de 800 mètres, l’infanterie signale un champ de mines possible. Les snipers ennemis nous gâtent. Impossible de démonter et de tâter le sol il faut risquer. Rouzée, seul dans son scout-car va servir de cobaye. On ne risque qu’un homme au lieu de deux. S’il passe, les autres véhicules utiliseront ses traces, sinon…

« Bliksem » s’avance. A du 1 mètre par 10 secondes. Rouzée saute, derrière lui le peloton. Angoissé. 20 mètres à franchir, on prépare les bombes anti-incendiaires, les fumigènes. Le poste appelle… Equeter n’y tient plus. Et court sous les balles rejoindre son scout-car et son chauffeur. Un bond en voltige. « Voilà deux ans qu’on vit à deux, c’est pas le moment de se quitter ». Cinq minutes… cinq minutes trente… « Bliksem » est passé, une mine explose, sur le côté. Le chef des winklers, Ernst, un vieux baroudeur de la Légion, sous la protection de fumigènes va jalonner. Et tous les blindées passent une à une. Cela prend une demi-heure. Le génie, plus tard, enlèvera 20 mines à cet endroit.

10hr40. Sallenelles est pris par le 3ème ! Enthousiasme au 1er et message de congratulations. Mais le plus dur est d’en déboucher…

La progression reprend : le drill de tir dit « de la cage » à priori bien que peu orthodoxe produit ses effets. Nos winklers découvrent des allemands tués ou blessés, littéralement hachés par nos tirs. Un sniper en veut à la tourelle de « Boute en Train », l’auto-blindée du chef de peloton. Le tir vient de haut. Inspection au périscope : à 150 mètres, deux gros arbres en boule. Ca ne peut venir que de là. Erculisse, le tireur de Boute en Train veut étrenner le canon. Pas de détail. 2 coups de H.E. (obus explosif) dans chaque arbre… Finis les snipers. On découvrira une demi-heure plus tard, trois cadavres sur une plate-forme installée dans l’arbre de droite….

Dans le vacarme des tirs d’armes automatiques et des mortiers, il semble qu’on entende des cris… Là, en avant à gauche, derrière une haie, un drapeau blanc surgit, puis deux. C’est peut-être un piège. Le tir est suspendu. Fusée verte est envoyée vers l’endroit. 4 hommes se lèvent et avancent. Deux Westphaliens et deux Polonais. Ils forment avec 6 autres le restant d’une grosse section qui doit interdire l’axe. Un des polonais parle le français. Rapidement, à l’abri des blindées, il explique l’emplacement des armes… deux portiers de 81mm, des mitrailleuses… L’officier est parti avec le reste du peloton, laissant un bouchon sous les ordres d’un sous-officier, celui-ci a été tué. D’autres polonais sont prêts à se rendre. On renvoie un polonais accompagné de Danneau qui ramène une demi-heure plus tard les deux mortiers et d’autres armes et les six hommes dont trois polonais (ceux-ci, moins de 6 jours plus tard, combattront à nouveau mais sous l’uniforme du corps polonais formé en Grande-Bretagne). On démine et on progresse à nouveau de 400 mètres. Le 3 est toujours bloqué à 300 mètres nord de Sallenelles par la position du Moulin du Buisson, un ensemble fortifié renforcé de casemates. Nouveau bouchon ennemi. Un soldat du génie est tué en déminant. Une mine explose… Attention. On poste les autos-blindées. Tir intense de neutralisation. La section du génie arrive sous les ordres de l’Adjudant Harboort. Elle commence le déminage. Ils sont protégés par des fumigènes car le champ de mines s’étend à gauche et à droite et arrête aussi l’infanterie. 

14 heures. Toujours bloqué. Une douzaine de mines sont neutralisées, mélange d’antichars et d’anti-personnelles. Certaines sont piégées. Le chef de peloton s’impatiente. Et descend de la blindée pour aller voir sur place. Son canonnier, de force, lui fourre le casque. Cromwell sur la tête. L’officier réagit. « Depuis quand un béret noir se bat-il en casque ? ». Le fidèle Erculisse lui enfonce à nouveau le casque sur le béret. « faites pas le c… mon lieutenant, faut pas déc.., aujourd’hui, c’est pas le jour ». Grommelant, l’officier laisse le Cromwell sur le crâne et se dirige vers les démineurs. « Que se passe-t-il, adjudant ? » « Ces salauds ont mis des mines doubles l’une sous l’autre reliées par un fil très mince… Regardez ». On se penche, on inspecte, le fil est coupé, le lieutenant se retourne ! Il se retrouve quelques secondes plus tard, toujours en vie mais à 20 mètres de là et le nez devant les 3 pointes d’une mine anti-personnelle, à plat dans l’herbe. Il éprouve la bizarre sensation d’avoir ses bras, ses jambes, mais plus de corps…

Pour une raison inconnue, les mines ont explosé, tuant un soldat démineur, blessant gravement l’adjudant qui mourra 48 heures plus tard, et le chef de peloton du 1 dont le dos et les bras sont truffés d’éclats. Il a été sauvé par le casque dans lequel s’est fiché un gros éclat….

Le lieutenant a atterri dans le champ de mines. Pour l’en retirer, on lui lance une corde à laquelle il s’accroche et, en rampant, il parvient à regagner les bérets noirs. Pendant quelques temps, il essayera encore de commander le peloton mais devra être évacué et remplacé par son adjoint, le 1er chef Noël, puis par le SLt Floridor.

16 heures. La position est enfin forcée, mais il est trop tard pour continuer la progression. Le commandant de l’Escadron donne l’ordre au 1e d’arrêter et de s’installer défensivement.

Pendant ce temps, le 3ème peloton, sur l’axe principal, se heurte lui aussi toujours aux mines et obstructions. A 15 heures la marche peut enfin être reprise. Elle va devoir affronter la position du Moulin qui barre la route, et son sinistre blockhaus avec son canon antichar qu’on n’a pas réussi jusqu’à présent à démolir. L’avance est pénible et coûteuse, un chauffeur de blindé est blessé par des éclats d’artillerie et doit être remplacé sous le feu. Heureusement, le canon antitank est muet. Qu’attend-il pour tirer ? Le comandant d’Escadron décide de faire agir ses réserves et ses winklers regroupés (2-4-5). Une base de feu est établie par le 2ème peloton en bordure d’un verger. L’artillerie e les blindés ouvrent un barrage efficace, et nos sections d’assaut enlevé par le SLt Floridor partent à l’attaque de la position par une manœuvre de flanc. Un officier britannique présent s’exclama : « Ils font ça come un drill devant un général… Magnifique ! ».

16.30    Hr. La position est conquise. Le génie peut déminer la route. Il travaillera jusqu’au 18 à l’aube : le butin est importance et les prisonniers nombreux.

Le 5ème peloton (SLt d’Oultremont) appuie le 3ème peloton et renforce l’occupation du terrain.

Le 4ème peloton (SLt Pelsmaeckers) a reçu vers midi une mission spéciale, ouvrir et couvrir la marche du 12ème bataillon Devonshire et l’axe vers Bréville. Le pays est plus ouvert et moins miné. Le 4ème peloton travaille brillamment et atteint son objectif final à 19 heures, située à 1 km de Franceville.

19hr40, le peloton verrouille  les lisières Est de la ville et fait des prisonniers. Leur interrogatoire permet d’apprendre que la ville est truffée de bobbytraps (pièges) et de mines. Il est décidé en haut lieu de ne pas risquer inutilement de vies humaines.

Le 18 août, la ville sera occupée et de jour. Une ville presque déserte dont l’ennemi avait expulsé les habitants pour mieux pouvoir la défendre. Mais le mouvement de débordement le force à évacuer la position sous menace d’encerclement.

Ainsi se termine cette fameuse journée du 17 août.

 

CONCLUSIONS :

L’escadron dans une mission à laquelle il était peu apte du point de vue tout terrain a néanmoins exécuté brillamment le boulot. La coopération avec les fantassins, l’appui de l’artillerie efficace et souple, le travail fantastique du Génie (qui a essuyé de lourdes pertes), la liaison radio, tout cela a démontré la solidité, la maturité et la valeur tactique de la Brigade. Une unité de combat, de choc et non de parade.

Les semaines qui suivent prouveront que dans la fantastique course vers le nord, notre escadron est bien l’escadron de démonstration « in Peace and War » comme le baptise le commandant de la 49ème Division d’Infanterie (les Polars Bears du Général BARKER).

Quant au fameux canon dans l’abri du Moulin, un providentiel éclat d’obus en avait coincé la crémaillère de direction durant nos tirs de neutralisation, heureusement !!!

 

  Henri Sauvage, 1969

 

Blessé en Normandie et hospitalisé en Angleterre, Henri Sauvage rejoint la Brigade pour la Campagne du Limbourg Belge.

Il reprend de suite ses fonctions de chef de la Troop 1 de l'Escadron d'Autos-blindées.

Daimler "Boute-en-Train", blindé du Lt Sauvage (ici avec le Sgt Cortales lors de la libération de Bruxelles)

 

LA LIBERATION DE BOURG-LEOPOLD
Septembre 1944
par le Lieutenant-Colonel de la Force Aérienne Henri SAUVAGE (ex-Troop 1-Commander)

Paru dans le FM du 11 septembre 1969

 

Arrivée depuis le 4 septembre à Bruxelles, la Brigade et son escadron blindé avaient effectué de nombreuses missions de ratissage dans les environs de la capitale et surtout vers le sud. Cette période de calme relatif avait été mise à profit pour permettre à ceux qui en avaient la possibilité de revoir leurs familles et de prendre 48 heures de permission.

Après 4 années de séparation ce n'était pas volé ! Dimanche 10 septembre l'Escadron blindé est cantonné à la caserne des Guides, effectif présent : 50 % (théorique) composé principalement de tous ceux qui ne peuvent encore atteindre leurs foyers et qui bien volontiers assurent le « piquet ». Pour certains, la déception est grande : être si près et encore si loin des leurs. Alors que d'autres connaissent la joie des retrouvailles, ils aspirent à la reprise des « choses sérieuses » qui accéléreront leur retour soit à Ostende, Anvers, Arlon ... ou Maeseyck.

A 23 h 30, un lieutenant est de service, tout est calme. Le téléphone sonne : « Alerte ! Mettre l'Escadron en état de combat !!! »

Lundi 11 à 7 h 30, départ en tête de colonne de la Brigade. Direction, Louvain-Diest. Mission : selon la situation, en avant-garde vers le nord, probablement Geel ou Bourg-Léopold, exécution immédiate.
Dehors, il pleut !

On s'attendait bien à une reprise du combat, mais pas avant huit jours. L'officier de garde mobilise les téléphones ; heureusement, le Major de Selliers, le Commandant Lancksweert, les Lieutenants Grosjean (QM), Moureaux, Dewandre (2ème Pl), Verhaegen (3ème Pl), Dulait et du Monceau (MT) habitent Bruxelles. Voilà un avantage du pouvoir centralisé ! Les autres sont «invités» : chaque chançard ayant invité chez lui un « sans-logis » !

Bref, la nuit se passe dans un aimable bouzouf, ponctué comme il se doit dans toute unité disciplinée de jurons fleuris et une demi-douzaine de langues différentes et autant de dialectes.

Lundi 2 heures 30
Notre R.S.M., le terrible adjudant De Potter, rentre au bercail militaire ; du coup, tout ce qui était « carré » tourne rond !  7 h 15 : la majorité des véhicules de combat est prête à prendre la route. Il est décidé de faire mouvement même avec équipages réduits aux présents et de se regrouper à Diest. Les retardataires, c'est-à-dire les permissionnaires de la province, qui ne peuvent matériellement rejoindre à temps, seront amenés par camions.
Heureusement, les équipages sont polyvalents, tous peuvent conduire jeeps, autos blindées, scoutcars ou motos.

On meuble, on camoufle ...

7 h 30 ... L'Escadron démarre ... l'honneur est sauf ! Ce qui nous console, c'est que la pagaille est la même dans toutes les autres unités.

Il fait un froid de canard ... camouflé sous les frondaisons au pied de la citadelle. 2ème repas.

Et premier regroupement… un camion arrive avec une vingtaine de retardataires. 12 h 05 on repart. 12 h 40, l'Escadron franchit le canal Albert sur un pont Bailey et se disperse dans la nature à la sortie nord de Beringen. Cette fois, finie l'atmosphère de Capoue. Partout vers le nord le bruit d'une canonnade et la musique de rafales de mitrailleuses. Des flights de « Typhoons » passent en rase-mottes. On place en vitesse les panneaux de signalisation.
Avec ces aviateurs, on ne sait jamais !

A 2 kilomètres au nord, vers les charbonnages, on se bat : les chars anglais tirent ! D'autres camions arrivent et vers 13 h 30 - ô merveille, l'Escadron est au complet. - « 0 » Group d'Escadron.

La situation est la suivante : les Britanniques ont franchi le canal Albert en deux têtes de ponts : à Hasselt et à Beringen-Tessenderlo. Une poussée se fait vers Hechtel-Eindhoven, une autre vers Geel et Turnhout.

La mission de la Brigade : assurer le nettoyage et l'occupation du terrain vers le nord, l'est et l'ouest, prendre le contact avec l'ennemi.

Exécution : vu les combats encore en cours vers Oostham et Beverlo, débordement par l'est et le sud.
Axe de progression : Beringen, Stall, ln de nieuwe Kroon, Stall Eicken Heide, franchissement du Groote Beek. Camp de Beverlo, Bourg-Léopold.

Ordre de bataille : le 1er peloton ouvrira la marche pour occuper la lisière est du Camp, direction Hechtel (champ d'aviation), le 2ème peloton le coin nord-est du camp et assurera le nettoyage... le 4ème peloton s'emparera des débouchés nord-ouest et poussera vers Kerkhoven.
Le 3ème  peloton précèdera le 4ème par le camp de cavalerie et reconnaîtra la route 24 vers Baelen-Neet. Le 5ème peloton reconnaîtra les débouchés ouest.

Les Winklers demeureront avec leur peloton. Les autos blindées de l'Etat-Major assureront l'appui éventuel. Tenir les positions jusqu'à la relève par les unités motorisées.

Peu avant la fin de l'O Group arrivent les derniers renseignements : l'ennemi a été chassé de Beringen, délogé par des éléments de la 7ème  Brigade blindée britannique, mais tiendrait encore Oostham, Heppen, Bourg et Hechtel, qui serait contourné par des unités blindées britanniques. Tout cela est assez confus ! Le front est très mobile.

Le major de Selliers, se tournant vers le chef du 1er peloton lui dit : " Henri, tu es le seul chef de peloton avec Charles Emile (chef du 5ème); qui te suivra, à bien connaître Bourg-Léopold et ses débouchés sud. Je vais vous laisser le plaisir de revivre vos exercices d'avant-guerre et de conquérir la tour Malakoff (où l'on enfermait les têtes dures), la redoute du Beau Marais ... et autres lieux épiques des confrontations, Guides, Lanciers, Chasseurs et Cyclistes ... Départ dans 15 minutes ... ! Mon P.C. : si tout va bien, au Polygone du Génie ... puis à la gare de Bourg-Léopold... les trains à Stall. C'est tout ! Bonne chasse!"

... En un temps record, les pelotons sont mis au courant de la mission. A l'heure « H »  la colonne démarre. Tout est tellement drillé, mécanisé, depuis des années d'entrainement, de vie en commun dans une tourelle ou une jeep que les ordres sont réduits à leur essentiel.

Comme disait Charles-Emile : « on connait son métier, vu qu’on est toujours en vie ». Les deux chefs de peloton se concertent.
… Jusqu'à Stal pas de problème, la route est bonne. Un coup de sonde vers Koersel où des traînards ennemis se rendent au 2ème peloton. La population du petit bourg nous accueille, avec ferveur mêlée d'une stupeur indescriptible, lorsqu'ils apprennent que nous sommes Belges. Des vrais Belges, comme ceux qu'ils ont connus avant-guerre, comme au bon temps des fameux camps !

... Et l'on progresse ... 800 mètres .. . voici : ln de Nieuwe Kroon et son carrefour fameux, finis les pavés ... c'est le camp, ses chemins de terre et de sable ... la « manœuvre de vérité » commence. Le garde champêtre nous donne des renseignements précieux : il y a une heure ou deux, des chars anglais débouchant de l'est vers la Watertoren ont engagé le combat avec des SP allemands : des chars brûlent ; des fantassins allemands ont été aperçus au passage de Stall Eicken. Ils creusaient...

« Drill Rouge » et… en avant !
Une patrouille avec Putzeys et Danneau va reconnaître le fameux café Colette.
« Rien à signaler ... »  le café est toujours aussi sale et aussi accueillant. Pas d'ennemis en vue.
... Voici le fameux ex-Polygone du Génie. Du matériel ennemi se consume près du dépôt. Nous longeons les sapinières, au moindre doute on expédie une rafale…pas de réponse ! Enfin, les célèbres bornes G 80 et 81 qui marquent le début du passage long de 300 mètres au travers des marais du Groote Beek. En face, les bois qui marquent la limite sud du vieuxParc ... sur la droite des volutes de fumées noires et jaunes dans le ciel. Ça tonne sans arrêt, mais en face, rien, le silence !

Les blindés se postent au débouché sud, les Winklers couverts par « Blicksem », le Scout-car, se déploient et recherchent méthodiquement les mines dans ce fichu sable noir : 10 minutes ... un quart d'heure. A l'arrière, on s'impatiente .... Là, à gauche, une maisonnette ... une femme court, venant d'en face, vers les Winklers.
Elle embrasse le premier, puis le second…folle de joie ... « Passez, passez .... il n'y a pas de mines… ils ont quitté la lisière ... il y a 20 minutes. Les cochons… ils ont pris le vélo de « mijn man » ! (suit une litanie d'adjectifs sonores et moedertalig que le vocabulaire choisi du blindé modèle réprouve et censure).

Pendant ce temps, tout en observant le secteur à la jumelle, le chef du 1er peloton ne peut s’empêcher de sourire… il y a de cela 8 ans… au même endroit. Il passait un examen tactique et technique de maturité devant un jury présidé par le Général de Selliers de Moranville, père de son chef actuel et commandant de la 2ème Division de Cavalerie. "Avant-garde à cheval ... Comment franchir et couvrir un passage obligé". Candidat ... X... expliquez et exécutez ... » telle était la question. Ce jour-là ... il n'avait pas un poil de sec ! Bien qu'aujourd'hui au lieu d'un plastron conciliant, il y a cette sorte de peur qui est causée par la perpétuelle question que se posent les unités de reconnaissance : « Où l’ennemi nous attend-il ? et avec quoi ? »

Tout compte fait, mieux vaut l'ennemi réel qu'un jury…car on ne peut pas envoyer un bon explosif dans un jury qui vous torture. Le règlement l'interdit ! Les cris de la femme arrachent le lieutenant à ses évocations d'antan et le ramènent sur terre. Décision rapide... !.on risque et en avant !
« Hello two... collez à nous, on franchit le passage, couvrez-nous ».
« Hello one, wilco, on vous couvre ».

 

Le 15 septembre 1944, le 1er peloton passe au carrefour Lommel-Mol
L'accueil était partout très chaleureux...

14 h 40. Le 1er peloton se déplace et progresse dans les ruines des grands bâtiments du camp d'Infanterie, il atteint son objectif après un crochet vers le · camp de prisonniers politiques qui vient d'être libéré par des résistants. Du côté de Hechtel, fumées, explosions et tirs ininterrompus. On se bat ferme.

Le 2ème peloton occupe sa position nord et fait quelques prisonniers.

Le 3ème peloton atteint vers 15 heures le carrefour nord du Bourg en direction de Baelen, suivi par les 4ème et 5ème pelotons, traverse Bourg-Léopold en liesse et verrouille à l’ouest de la gare vers Heppen. Tout cela s'est accompli à la charge et sans perte.

La première phase est terminée. La deuxième débute : « Reprendre le contact avec l'ennemi ». Les ordres sont transmis par radio : 'le 3ème peloton, continuer progression vers Baelen. Le 4ème peloton, vers Kerkhoven et Lommel. Le premier peloton, pousser vers Hechtel et établir la liaison avec les Britanniques.
Les 5ème et 2ème pelotons tiendront les débouchés ouest et nord et nord et est.

15 h 20 : les pelotons désignés reprennent la progression, sauf le 1er peloton qui part avec un léger retard, suite à une avarie à l'une de ses autos blindées.

15 h 25 : le 3ème peloton progresse en « Drill Rouge » en direction de Schoor vers le front de la Nethe. A peine les dernières maisons de Bourg-Léopold atteintes, sa patrouille de tête est soumise â des tirs de mitrailleuses et de mortiers, aussi le peloton prend-il position, observe et essaie de s'éclairer par des patrouilles de Winklers.
Le 4ème peloton (Lt Pelsmaeckers) bifurque derrière le 3ème peloton, franchit le Visch Bedden et s'approche de Kerkhoven. Après avoir signalé que tous les ponts du canal d'embranchement étaient détruits. Kerkhoven vient d'être évacué par l'ennemi, mais le village est en deuil : des SS en se repliant ont ouvert le feu et tué deux enfants dans un champ…

La colère étreint les Bérets noirs. En arrivant à la lisière nord... un camion ennemi est aperçu on se lance à sa poursuite; ses occupants démontent et tentent de résister. Ils sont coulés au sol et fauchés. Parmi eux des SS. D'autres qui ont pu se dissimuler se rendront plus tard. D'autres encore seront faits prisonniers les armes à la main ... Les « Corses » du 4ème peloton ont fait du bon travail. Ils repartent vers Kattenbos, mais ne peuvent franchir le pont de Baelen Gracht, défendu en force.

A ce même moment se déroule la tragédie du 3ème peloton.
Il est 17 h 00 ... le feu des mitrailleuses ennemies semble avoir cessé et le 3ème peloton reprend la progression avec prudence. La blindée du 1er Chef Bihay appuie de près le scout-car de tête. La route est droite... comme un I. En face des arbres, de la verdure,' aucun indice, le scout-car de tête se poste et l'.auto blindée le rejoint. A ce moment deux canons antichars - des 88 mm se dévoilent et ouvrent le feu ... L'auto blindée est atteinte une première fois à la roue avant gauche. Le peloton réagit immédiatement. Grâce à la marche arrière et aux roues motrices, l’auto blindée tente de se mettre à l’abri, derrière un rideau de grenades fumigènes. Un second coup… effrayant de précision tiré à 1.200 mètres perfore la cuirasse à hauteur du chauffeur… et traverse la blindée. Touchée à mort… elle se traîne encore deux ou trois minutes et glisse au fossé. Les munitions explosent à l’intérieur de la tourelle. Benoot, le chauffeur, et Simoen le canonnier-opérateur sont tués sur le coup… Bihay, debout dans sa tourelle, tente encore de parler à la radio mais est grièvement blessé. L’auto-blindée est en flammes. Le reste du peloton se regroupe à l’abri des maisons et tire en protection, pour couvrir l’avance des 3ème et 4ème pelotons. On vit la scène à la jumelle.

L'auto-blindée "Dure-à-Cuire" du 1er Chef BIHAY, le lendemain du combat

Sans hésiter, l'AB du Comd d'Escadron fonce vers l'avant, suivie de celle « Rear Link " du lieutenant Totelin. Les « 88 » continuent à cracher presque impunément grâce à leur portée de 'tir double de la nôtre.

Le Major· de Selliers de Moranville et Totelin mettent pied à terre et continuent en rampant dans les fossés… Ils tâchent de gagner la blindée en flammes, à découvert ! Un feu nourri de mitrailleuses empêche toute progression. La rage au cœur,  ils tentent de se replier et y parviennent non sans difficultés, car le tir ennemi est précis ! Heureusement, le 1er Chef Bihay a réussi à se glisser hors de la blindée et à ramper dans un fossé pour atteindre une maison proche. C'est là que le Lieutenant Lancksweert ira le rechercher avec une ambulance blindée ... et réussira à l'évacuer ... malgré l'ennemi ! Ce n'est que le lendemain que l'on pourra recueillir les restes calcinés des malheureux Benoot et Simoens.

BENOOT Marcel, 21 ans

SIMOEN Lucien, 23 ans

Pour remplir sa mission, le 1er peloton doit franchir 4 kilomètres de la fameuse chaussée d'Hechtel, plate comme la main et à découvert. Sur sa droite, au château d'eau, six chars Cromwell brûlent. La lisière des premiers bois est à plus ou moins 3.200 m. On poste 2 blindées en couverture… et «Boute-en-train » part en avant pendant que les:Winklers progressent à 300 mètres au sud…en jeep... et dans le tout-terrain. Un scout-car est inutilisable et «Bevrijder» a des ennuis de moteurs; les motocyclistes serviront d'antennes ! tant pis ! A la radio, les messages du 3ème et 4ème peloton se succèdent sans arrêt.
Erculisse aperçoit soudain dans l’ombre sous un arbre… une masse sombre. Il tire sans hésiter et cela éclate sur une cuirasse… But ! Bientôt, un drapeau blanc est agité.
A hauteur de « In de brand » Boute-en-Train réussit à quitter la route et trouve un providentiel talus de protection d’où observer « tourelle down ». Ernst et ses winklers longent le Gemeente Bosch et capturent l’équipage du « Monstre », un Ferdinant occupé d’un canon de 122 mm déchenillé dans le fossé et heureusement inapte au tir. Rassurées, les 3 autos blindées bondissent à du 90 km/h, tout en observant des chars allemands qui se replient à 2 ou 3000 mètres au nord.

Le peloton regroupé progresse à nouveau ... l'hôtel des Dunes est atteint et on y trouve des blessés allemands, de jeunes Autrichiens enrôlés dans les SS, 16... 17…18 ans, jeunes et frêles ... au casque trop grand pour eux. Parmi eux, deux blessés graves.

Coup de canon sur « Boute-en-train », raté ! C'est un char anglais ! Son chef, un sous-officier, affolé, ne sait plus très bien où est l'ennemi et l'ami !

La situation dans les bois et les dunes sur les 2 kilomètres séparant le peloton du carrefour d'Hechtel est indescriptible : Allemands et Anglais y jouent un cache-cache mortel 'pour qui est vu ! Hechtel est tenu désespérément par une vingtaine de chars allemands et de l'infanterie, leur encerclement est total, mais leur résistance empêchera durant 48 heures, toute 'progression rapide vers le canal. Le village brûle, les tirs sont incessants.
Pendant ce temps, le peloton vit à la radio la tragédie du 3ème peloton ! Le scout-car « Bevrijder » rejoint enfin le peloton. Inutile de s'engager dans ce combat de nègres, le chef de peloton installe l'unité en hérisson autour de l'hôtel des dunes et avec Bevrijder part rechercher la liaison avec le commandant de la brigade britannique : le contact sera assuré vers 18 heures.

Le PC est installé au sud des 5 Jumelles, dans les bois d'Achter den Berg. Au retour, la blindée tombe à nouveau sous le 'feu d’un 37 mm allemand, mais la chance est encore là. La .nuit tombe, les renseignements sont transmis, le peloton se regroupe, encaissant des tirs d'on ne sait où !

Le spectacle de la bataille pour Hechtel est hallucinant avec les incendies qui font rage.
20 heures : l'ordre arrive enfin de se regrouper dans le parc de Bourg-Léopold (près du mess de garnison actuel) sauf pour les 2ème et 5ème pelotons qui appuient le dispositif de l'infanterie.
C'est avec soulagement que le peloton·refait en sens inverse la chaussée d'Hechtel.
Le soir ... vers 23 heures ... deux JU-88, reconnaissables au bruit spécial de leurs moteurs, nous lâchent quelques bombes. Au sud, vers Houthalen, des éléments de la Brigade « Langemarck » combattent contre les blindés britanniques ! Bourg-Léopold est conquis, mais la prise a été payée cher. Les visages des bérets noirs sont graves en cette nuit humide et froide.

La guerre continue...

L'Escadron durant sa progression dans Bourg-Léopold

 

Objectif Liège


La brigade belge de Grande-Bretagne « Libération » commandée par le Colonel BEM Piron, après avoir, participé avec les avancés britanniques à la libération de Bruxelles, prend part au nettoyage du Brabant Wallon.

Le vendredi 8 septembre, le colonel Piron donne l'ordre de départ pour le samedi matin. La colonne commandée 'par le Lt Sauvage est composée de jeeps blindées appartenant à l'escadron d'autos blindées et formée de volontaires originaires de Liège et des environs appartenant tous à la Brigade.

La colonne atteint Louvain vers 10 heures, mais comme elle apprend qu'il existe' encore une zone occupée par les Allemands en retraite entre Louvain et Waremme, elle continue sa progression, bouscule des fuyards allemands à l'ouest de Tirlemont et de Roosbeeck, traverse Tirlemont en trombe, se heurte au nouveau bouchon ennemi à Orsmael au pont sur le Molenbeek. Elle le réduit sans difficultés, entre à Saint-Trond, où le commandant de colonne rencontre les éléments de la résistance qui nettoient la ville.
Les Américains sont à Oreye et foncent sur Liège. Encore un petit contact avec l’ennemi près de Saffraanberg et la colonne établit la liaison avec les Américains à Oreye.

Bravant les MP’s, la colonne remonte les troupes américaines dans une formidable partie de saute-mouton. Elle atteint Ans après 5 ans d’absence. Es hommes de la colonne revoient leur chère ville. C’est ensuite la descente sur Liège dans un enthousiasme délirant.

La nuit est passée à la caserne Fonck et le dimanche matin, mission accomplie, la colonne rejoint Bruxelles. De tous ceux qui ont participé à cette action, seuls sont encore en service, 25 ans plus tard, les lieutenants-colonels Léon Mentior (Force terrestre) et Henri Sauvage (Force aérienne).

Le Lt Henri Sauvage

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