PELSMAECKERS Albert - SLt

Armoured Cars Squadron - Troop 4

SLt Albert Pelsmaeckers
Escadron d'autos-blindées - Troop 4

 

Composition du 4ème Peloton :

3 autos blindées Daimler
(1 canon 40mm. 1 Mi BRSA 7,92mm – 1 Bren – 2 Fum)
ENRAGE
S/Lt. Pelsmaeckers
Snoek
Bertens
EFFRONTE
Flasschoen
Blackman
Vernimmen
ENTETE
Trelachaud
Schreiber
Van Overloop
         
2 Scout-cars Daimler EEKHOORN
Gabelle
Desmecht
EGEL
Corbeels
Bouhisse
 
         
2 Jeeps Willys 4 x 4 

Dominicy                                          
Pirmez – Jouniaux - Seuretin
 

Ducarme
de Jonghe – Van Leeuw - Dumont 

 
         
2 motos B.S.A. Cartiens d’Otreppe  

 

Récit du S/Lt. Pelsmaekers
24 août 1944.

 

En fin de matinée du 24 août,  je me porte avec mon peloton vers le site de Pont-l’Evêque, où le génie est à l’ouvrage,  afin de signaler au commandant d’Escadron quand le passage sera établi.  Toutefois,  le pont plus au sud,  devant lequel se trouve le 2e peloton,  est terminé en premier lieu et le commandant y rameute l’Escadron afin de franchir la Toucques et de reprendre la progression vers l’est et le nord.  Vers 15h30 je reçois l’ordre de rejoindre le PC de l’Escadron et d’y passer en réserve.  Le PC s’est installé sur la crête dominant les vallées de la Toucques et de la Calonne,  au nord du Mesnil et de Blangy-le-Château (voir carte 6,  forêt de Saint-Gatien témoignage du SLt d'Oultremont)Je l’y rejoins et suis à la radio la progression laborieuse de mes collègues aux prises avec un terrain difficilement praticable.  Cette région,  très accidentée et très boisée,  est peu favorable à l’utilisation d’unités de reconnaissance montées sur véhicules à roues.  La progression de l’Escadron se heurte à des obstacles importants :  à l’est la Calonne,  obstacle antichar ne comportant aucun passage pour véhicules ;  au nord,  la partie sud de la forêt de Saint-Gatien et un chemin de fer en remblai,  dont la plupart des ponts,  franchissant les chemins et routes,  ont été détruits par les Allemands en retraite.  Ce chemin de fer n’est franchissable qu’aux endroits où les ponts n’ont pas été détruits,  ils sont à découvrir et la progression dans la forêt ne peut se faire que par quelques chemins d’exploitation forestière.  Par ailleurs,  le temps est maussade,  il pleuvine,  ce qui rend les chemins très glissants et les fossés dangereux pour nos véhicules à roues.  Ce terrain accidenté et très couvert,  gêne sérieusement nos liaisons radio,  à tel point que,  dès que les 2e et 5e pelotons,  qui progressent vers le nord,  pénètrent dans la forêt de Saint-Gatien,  il devient extrêmement difficile de maintenir le contact radio avec eux.  Les dernières informations nous apprennent que le 2e peloton contourne la forêt par l’ouest,  tandis que le 5e peloton contourne la forêt par l’est en direction du carrefour de Saint-Benoît-d’Hébertot.  Il se crée ainsi un vide entre les deux pelotons de tête.  Je suis alors convoqué par le commandant d’Escadron qui me donne l’ordre de combler ce vide et de progresser entre les 2e et 5e pelotons, en direction du Vieux-Bourg et de tenter si possible d’établir le contact avec eux.
Pour ce faire,  je dois emprunter le passage non détruit sur le chemin de fer qui a été découvert par le 2e peloton.  De plus,  le commandant d’Escadron me signale que la route longeant la Calonne est battue par le feu d’armes d’infanterie de l’ennemi.

Avant de donner les ordres à mon peloton,  je jette un rapide coup d’oeil sur ma carte. Cette carte au 1/50.000,  d’origine britannique,  est loin d’être un modèle d’exactitude et de clarté :  elle ne permet de se rendre compte que très imparfaitement de la valeur réelle des routes.  Mon itinéraire peut se décomposer comme suit :  initialement,  un chemin de grande communication,  le GC 140,  qui descend vers la Calonne et qui,  à part son étroitesse,  ne présente aucun problème.  Arrivés dans la vallée nous devons tourner à gauche et emprunter la N 834 jusqu’à son embranchement avec la N 815 (c’est ce tronçon d’itinéraire qui,  d’après les informations reçues,  est tenu sous le feu
de l’ennemi). 

Ensuite nous devons emprunter la N 815 en direction de Pont-l’Evêque,  essayer de repérer le passage sous le chemin de fer qui a été découvert par le 2e peloton et nous y engager en direction du Vieux-Bourg.  Je suis un peu ennuyé à cause de ce tronçon d’itinéraire qui est sous le feu de l’ennemi.  En effet,  si cela ne présente pas de problème pour les autos blindées et les scout-cars qui rouleront tourelles fermées, il n’en va pas de même pour mes deux jeeps et mes deux motocyclistes qui ne disposent d’aucun blindage.  Je propose au commandant d’Escadron de laisser ces éléments avec son PC mais il me le déconseille fortement,  me faisant remarquer très justement que m’aventurer dans une forêt,  sans éléments qui peuvent démonter,  est assez hasardeux. 
Je me rallie à son avis et décide de jouer de l’effet de surprise et de la vitesse pour franchir le tronçon dangereux.  En conséquence,  je donne ordre au peloton de progresser en colonne à vitesse normale jusqu’à la vallée.  A cet endroit,  les véhicules blindés fermeront les tourelles,  les jeeps et les motocyclistes se placeront entre les autos blindées,  et le tronçon de route réputé dangereux sera franchi à vitesse maximum,  les véhicules gardant entre eux une distance de cent mètres.  Les tireurs seront prêts à ouvrir le feu en cas de besoin.  La colonne s’arrêtera ensuite au-delà du second carrefour sur la N 815,  afin de reprendre une formation et des distances normales.  Nous partons,  pas très rassurés en nous demandant comment cela va se dérouler.  La descente vers la rivière s’effectue sans histoire et nous adoptons le dispositif prévu.  Le peloton s’engage à tombeau ouvert sur la route macadamisée que nous parcourons à une allure du tonnerre,  sans attirer le moindre coup de feu,  et cette randonnée folle s’achève par une scène digne d’un film de Charlie Chaplin.  En effet,  le virage que nous devons emprunter en direction de Pont-l’Evêque est assez serré et mon auto blindée y tangue dangereusement.  La jeep qui me suit et que j’observe dans mon périscope prend vraiment le tournant sur deux roues et se redresse tant bien que mal.  Toutefois,  si Dominicy et de Jonghe peuvent s’agripper au véhicule,  il n’en va pas de même pour Van Leeuw,  tireur « Bren »,  qui,  accroupi à l’arrière,  tient son arme à deux mains prêt à ouvrir le feu.
Il n’est donc pas solidaire du véhicule et dans le virage,  est éjecté proprement,  continue en vol plané sur la trajectoire initiale du véhicule et atterrit dans le fossé,  le chargeur de son FM volant en éclats.  En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la jeep s’arrête,  fait marche arrière et récupère son passager qui n’a pas lâché son arme et repart en avant.  Tout cela s’est déroulé en quelques dizaines de secondes,  sous les yeux ahuris d’une colonne de parachutistes britanniques qui progressaient à pied le long de la grand-route et qui hochent la tête,  se demandant à quels fous ils avaient affaire.  Quant à moi,  je ris aux éclats,  car c’est vraiment une scène comme on n’en voit qu’au cinéma.
Après cet intermède comique,  le peloton repart à vitesse réduite à la recherche du passage sous le chemin de fer.  Mais,  depuis que nous sommes dans la vallée,  il s’avère impossible d’entrer en contact radio avec le 2e peloton de Roger Dewandre afin d’obtenir des précisions quant à l’emplacement du passage.  Enfin mon scout-car de tête en découvre un et nous nous engageons en direction du Vieux-Bourg.
Cette localité n’est pas occupée par l’ennemi.  Continuant la progression vers l’est, nous établissons la liaison physique avec le 5e peloton du S/Lt. d’Oultremont qui est arrêté devant Saint-Benoît-d’Hébertot.

Ce carrefour est occupé par un groupe d’Allemands disposant d’un canon antichar,  qui a déjà donné du fil à retordre au 5e peloton.  La première partie de ma mission étant remplie,  je donne ordre à ma patrouille arrière,  comprenant l’auto blindée de mon adjoint 1Mdl Flasschoen et le scout-car de Corbeels,  de faire demi-tour et de reconnaître en direction de Friche-Moisy,  afin d’établir si
possible la liaison avec le 2e peloton,  dont je suis toujours sans nouvelle.  Recherchant un endroit favorable aux liaisons radio,  je m’installe en défensive avec le reste du peloton dans un verger assez dégagé à la lisière ouest du Vieux-Bourg je parviens à maintenir,  tant bien que mal,  le contact radio avec le PC de l’Escadron.  La nuit commence à tomber en ce moment et les liaisons radio deviennent de plus en plus difficiles.  Je n’ai bientôt plus de contact avec ma patrouille arrière.  Je suis alors rejoint dans le village par une colonne de parachutistes britanniques,  qui s’installent dans les maisons qui bordent la route.
Le commandant d’Escadron,  au courant des difficultés rencontrées par le 5e peloton vers Saint-Benoît-d’Hébertot,  lui signale que j’ai trouvé un endroit calme pour passer la nuit et lui donne l’ordre de rompre le contact et de me rejoindre au Vieux-Bourg.
C’est à ce moment que les choses commencent à se gâter.  Les paras ayant eu la malencontreuse idée d’utiliser les réchauds pour préparer leur souper ou leur thé,  notre position est repérée par un observateur de mortiers ennemis et un arrosage en règle du Vieux-Bourg commence.  J’ai à peine eu le temps de plonger dans ma tourelle et d’en refermer le toit que mon auto blindée encaisse deux coups de mortier,  heureusement sans grand dommage.  C’est ce moment que choisit le 5e peloton pour rejoindre l’endroit supposé calme qui lui a été désigné et son arrivée provoque un redoublement d’intensité du tir ennemi.  Je préfère passer sous silence la kyrielle de gros mots qui m’est adressée par mon collègue du 5e peloton,  peu satisfait de l’accueil qui lui est réservé et qui me demande d’un ton acide entre deux salves si « c’est ça que tu appelles un endroit calme ! ».  Je n’ai d’ailleurs pas le temps de lui répondre car,  au même instant,  arrive le scout-car de ma patrouille arrière dont le chauffeur Bouhisse est blessé et qui m’apporte un message de mon adjoint le MdL Flasschoen.  Sa patrouille a poussé jusqu’à Friche-Moisy où elle est tombée à la nuit tombante au milieu d’un groupe d’Allemands.  Surprise de part et d’autre,  bientôt suivie d’un échange de coups de feu et de grenades au cours duquel Bouhisse est légèrement blessé au bras par un éclat de grenade.  Le MdL Flasschoen profite de la confusion et de l’obscurité naissante pour s’extraire du village et étant sans liaison radio avec moi,  décide de me rejoindre pour faire son rapport et en même temps faire soigner son blessé.  Malheureusement,  en raison de l’étroitesse et de l’état glissant de la route,  son auto blindée dérape et s’embourbe dans la forêt sur le GC 289,  à quelques centaines de mètres au sud de la route Saint-Gatien – Saint-Benoît-d’Hébertot.  Ne parvenant pas à sortir du fossé par ses propres moyens,  il m’envoie son scout-car pour me prévenir et demander des ordres.  Je décide immédiatement de me porter à son secours pour essayer de le dégager et communique au commandant d’Escadron les informations reçues ainsi que ma décision.  Afin d’établir un relais-radio avec lui,  je décide de laisser mon auto blindée sur place avec le MdL Trelachaud et je constitue un détachement composé de la blindée de Trelachaud dans laquelle je prends place,  un scout-car,  une jeep avec quatre hommes et un motocycliste.  Je remets provisoirement le commandement des éléments de mon peloton restant sur place à mon collègue du 5e peloton,  envoie Bouhisse blessé se faire soigner et je m’enfonce dans la nuit à la recherche de mon adjoint.
Rien de plus lugubre et de plus hostile qu’une forêt la nuit,  surtout quand tout éclairage est proscrit.  On a l’impression d’avancer comme un aveugle.  Arrivé sans encombre auprès de l’auto blindée embourbée,  j’installe mes gens en défensive et j’envisage deux solutions :  soit la laisser sur place et rentrer avec l’équipage,  soit essayer de la désembourber avec l’autre auto blindée.  J’opte pour cette dernière solution.  Après une demi-heure d’efforts dans l’obscurité nous parvenons uniquement à embourber la seconde blindée.  Il ne nous reste plus alors qu’une solution possible :  nous installer en défensive pour la nuit autour des deux véhicules embourbés,  attendre l’aube et les mécaniciens de la section dépannage de l’Escadron.  C’est une nuit vraiment pénible car nous sommes installés vaille que vaille dans les fossés à moitié remplis d’eau ;  il tombe un crachin froid et désagréable.  Au cours de la nuit,  nous avons une alerte : 
probablement quelques Allemands attardés qui essaient de rejoindre leurs lignes et qui s’éclipsent dans la forêt à la première semonce.
C’est à l’aube que nous avons eu une frousse rétrospective.  Nous découvrons que cette partie de la forêt abritait un dépôt de munitions allemand composé d’abris creusés des deux côtés du GC 289.  Ces abris étaient piégés et des fils de butée en sortaient dans tous les sens.  Il aurait suffit de toucher un de ces fils pour occasionner un magnifique feu d’artifice et nous retrouver tous au paradis des guerriers.  A l’idée que,  dans l’obscurité la plus complète,  pour essayer de dépanner les deux autos blindées,  nous avons piétiné dans tous les sens,  nous sentons une sueur froide nous couler le long du dos.  Il est même assez comique de voir les précautions avec lesquelles,  à partir de ce moment,  nous nous déplaçons autour de nos véhicules.
Peu après l’aube,  nous sommes dépassés par le 3e peloton du S/Lt. Verhaeghe de Nayer, qui monte en ligne et vers 8 heures,  la dépanneuse de l’Escadron arrive et nous tire de notre situation pitoyable.  Le reste du peloton arrive peu après et je rejoins avec mon unité le PC de l’Escadron.  Je suis mis initialement en réserve et nous cassons la croûte avant d’être engagés,  plus tard dans la matinée,  dans la vallée de la Morelle.

 

La journée du 25 août  

Peu après l’aube,  mes deux autos blindées sont désembourbées et nous nous portons derrière le PC de l’Escadron,  où je reçois ma première mission de la journée : reconnaître le passage sous le chemin de fer à environ un kilomètre au nord-est de Quetteville. 

Nous trouvons le pont détruit,  et les décombres bloquent le passage.  Je suis alors envoyé derrière le 5e peloton,  sur l’axe principal en vue d’une exploitation au cas où la grand-route serait dégagée.  Ce n’est malheureusement pas le cas et peu après, je suis envoyé en arrière vers le bivouac de l’Escadron.

 

Journée du 26 août : vers la Risles

 

A l’issue des ordres du commandant d’Escadron,  je mets mon peloton en colonne sur la route derrière le 2e peloton et prends contact avec le chef de peloton de chars Cromwell qui doit me suivre dans la colonne.  En même temps,  j’embarque sur les plages arrière
de mes véhicules les fantassins de la brigade Princesse-Irène que je dois amener à Pont-Audemer.  Dire que nous sommes enchantés de ce chargement insolite serait exagéré,  car nos tourelles sont pratiquement bloquées,  certains de nos passagers transportant même des bicyclettes (ce qui me semble normal sans doute concernant des Hollandais pour qui,  comme chacun sait,  ce moyen de transport est particulièrement prisé,  mais rudement encombrant sur une auto blindée).
Après avoir laissé le 2e peloton prendre un peu d’avance,  je démarre vers 7h30 avec mon peloton.  Notre vitesse est assez grande car en tête le 2e peloton roule vraiment à toute allure.  Me retournant,  je m’aperçois que les chars Cromwell semblent éprouver quelque
difficulté à nous suivre.  Je m’arrête et demande au chef de peloton si la vitesse est trop rapide pour ses véhicules.  Il me répond que non,  puis en hochant la tête me dit : « We are not fools » (nous ne sommes pas fous) !  Il faut croire qu’il avait moins confiance que moi dans l’efficacité du 2e peloton !  Il faut dire qu’à certains endroits la route n’était pas très rassurante et qu’elle était dominée par des collines boisées propices aux embuscades.  Nous arrivons à l’entrée de Pont-Audemer entre 8h40 et 9 heures et entendons le bruit de la fusillade qui oppose le 2e peloton aux éléments ennemis postés sur la rive droite,  fusillade d’ailleurs agrémentée de quelques tirs de mortiers.  De ce fait,  nous ne devons guère insister pour persuader nos amis néerlandais que le moment est venu de quitter nos véhicules. 

 

Je reçois ensuite l’ordre du commandant d’Escadron de me porter aux lisières sud-est de Pont-Audemer,  de m’y installer défensivement et d’observer la rive ennemie.
Me dirigeant alors avec mon unité vers le lieu-dit la Roquettej’y installe mes véhicules blindés dans les bâtiments les plus proches des prairies qui bordent la rivière ;  je donne ensuite l’ordre aux équipes démontées de mes deux jeeps de progresser jusqu’à une haie qui me masque la vue et de s’y installer en observation.  En traversant un espace découvert, ils sont pris sous le feu d’une arme automatique ennemie et leur chef,  le Brig. Dominicy, est gravement blessé d’une balle dans l’estomac.  Afin de faciliter son évacuation,  je donne l’ordre à mon mortier deux pouces de tendre un rideau fumigène dans la vallée en avant de la haie.  Cette initiative de ma part déclenche de la rive ennemie un tir nourri d’armes automatiques,  fusils et mortiers,  confirmant si besoin en est que l’ennemi y est installé en force,  comme l’avait déjà signalé le 2e peloton.  Je suppose que l’ennemi a cru que le rideau fumigène avait pour objet de dissimuler une tentative de franchissement en force de la rivière.  Entre-temps,  le chef de mon scout-car,  le Brig. Corbeels,  qui devait par la suite épouser une jeune fille de Pont-Audemer qu’il avait rencontrée le
26 août 1944,  s’était précipité au premier étage de la maison près de laquelle son véhicule était installé et pris position à une fenêtre avec son fusil-mitrailleur.  De cet endroit,  il pouvait observer le chemin montant de Saint-Aisnan vers le plateau de la rive droite et qui était longé par un mur de clôture.  Ce chemin était emprunté par des fantassins ennemis qu’il pouvait prendre à partie grâce à une brèche.
Peu après l’évacuation de mon blessé,  le capitaine Lancksweert,  commandant en second de l’Escadron,  arrive à mon auto blindée et je le mets au courant de la situation.
A l’endroit où se trouve mon peloton,  il n’existe pas de point de passage sur la rivière et il n’est pas question d’essayer de la franchir à pied.  Il me dit alors que,  d’après une information obtenue d’un civil,  il doit exister un gué sur la rivière vers le sud-est.
Nous décidons de faire une reconnaissance dans cette direction et,  laissant mes autos blindées et un scout-car à la Roquette,  aux ordres de Flasschoen,  mon adjoint,  je l’accompagne en jeep,  avec un scout-car et les deux motocyclistes de mon peloton.
Vers les Burets ou Ulfran à un endroit où la rivière est à proximité de la D 39,  nous découvrons effectivement un gué.  Toutefois,  nous estimons que pour pouvoir le franchir avec nos véhicules à roues,  les berges devraient être aménagées.  A cet endroit,  nous sommes à couvert,  mais l’autre rive constituée par des prairies sans aucun couvert,  à part une grange de-ci de-là.  Elles s’étendent très loin jusqu’au pied des collines de la rive droite,  un véritable billard !  De plus nous observons des mouvements suspects sur les collines de la Bivellarie et la rue de Mannerville.  Le capitaine et moi-même franchissons le gué à pied et nous nous dirigeons vers une grange détruite,  à deux cents mètres environ de la rivière,  pour tester la réaction ennemie à notre mouvement. Arrivés à mi-chemin,  nous constatons que nous ne sommes armés ni l’un ni l’autre et rebroussons chemin,  mon pistolet est resté dans la tourelle de mon auto blindée où je le dépose normalement,  car c’est un objet encombrant et relativement peu efficace.
Le capitaine communique ces informations à Pont-Audemer et,  après un échange de messages,  me donne l’ordre de rejoindre mon peloton à la Roquette.  Je suppose que, déjà à ce moment,  des éléments de la 49e division étaient arrivés à Pont-Audemer et qu’ils allaient reprendre la responsabilité de leur secteur.  Peu après avoir rejoint Flasschoen,  vers 15h30,  je reçois l’ordre de regagner le bivouac de l’Escadron.

 

Extraits :
" Au galop de nos blindés par Roger Dewandre "
" 1944 Des Belges en Normandie par Guy Weber "

 

mise en page par Didier Dufrane