L’Appui Médical de la Brigade

 

Si les unités de la Brigade disposaient d’un médecin et de brancardiers-infirmiers qui, en action, installaient un poste de Secours avancé dit "Regimental Aid Post" (RAP), il existait aussi des unités purement médicales :

La Field Ambulance Company était commandée par le Lieutenant Médecin René PETRE, le charroi était géré par le Capitaine DE KINDER (6 ambulances Austin - 4 camions Ford - 2 voitures et 2 motos)

La Field Surgical Unit (FSU) était commandée par le Major Médecin Alfred DUMONT. Le Lieutenant Médecin Henri REINHOLD étant l’anesthésiste.

La Field Transfusion Unit (FTU) était commandée par le Lieutenant Médecin Roger LINZ, il était secondé par le Lieutenant Médecin BEUDIN.

 
Les "médicaux" de la Brigade en route pour la Normandie.
Arromanches. Déchargement du charroi de la Fd Amb Coy

Henri REINHOLD relate :

La "Belgian Field Ambulance" avait pour mission de transporter les blessés à partir des premiers postes de secours vers une "Advanced Dressing Station", relais plus équipé.
Avaient aussi été créées une « Belgian Field Surgical Unit » (FSU) et une « Belgian Field Transfusion Unit » (FTU). Comme son nom l’indique, la FSU était une unité chirurgicale. Dans l’organisation de médecine militaire britannique, le premier travail chirurgical dans l’armée déployée se faisait à l’échelon de Corps d’Armée, sauf pour des interventions d’une extrême urgence, telles que trachéotomie, fermeture d’un pneumothorax ouvert, amputation d’un membre détruit. Les Forces Belges n’ayant que l’effectif d’une brigade, la FSU et la FTU furent détachées au Corps d’Armée dans lequel cette brigade était en opération.
Elles étaient ainsi entièrement intégrées dans le "Royal Army Medical Corps" et les Belges qui y étaient traités ne constituaient qu’une minorité des blessés.

Qu’était exactement une FSU ? C’était une équipe chirurgicale de renfort destinée à accroître la capacité de travail au premier échelon chirurgical, la "Casualty Clearing Station" (CCS), lorsque la situation rendait ceci nécessaire.

Elle était conçue pour être entièrement autonome pour son fonctionnement médical. Le personnel était composé d’un officier chirurgien, un officier anesthésiste, 5 infirmiers, 3 chauffeurs et une ordonnance. L’unité possédait son charroi, une voiture personnelle dite "staff car" et 2 camions de 3 tonnes. L·équipement comprenait une tente opératoire, une tente d’hospitalisation pour 20 blessés avec toute la literie et même une génératrice électrique. Le matériel transporté permettait d’effectuer une centaine d·opérations. La conception de telles unités octroyait une grande souplesse dans l’organisation du travail.

L'initiative de la création d'une FSU belge était due au docteur Alfred DUMONT (1903-1966). Le souvenir de cet imminent confrère est toujours présent dans la mémoire de nombreux médecins belges, étant donné sa riche carrière professionnelle. Alfred DUMONT avait commencé une formation de chirurgie en 1933 au service du Professeur Albert HUSTIN à l’hôpital Brugmann. Au cours de la campagne de mai 1940, il commanda une ambulance au 1er Corps d’Armée. Fait prisonnier, il s’évada et s'engagea dans la Résistance. En 1942, il entreprit une évasion vers l’Angleterre. Arrêté en Espagne, il fut enfermé durant 5 mois dans le sinistre camp de Miranda de Ebro où croupissaient quelque 2.000 prisonnier espagnols et étrangers dans des conditions épouvantables. En janvier 1943 il arriva finalement en Grande-Bretagne. Souhaitant mettre son expérience chirurgicale au service de la cause des Alliés, il demanda la création d'une FSU.
Etait aussi nécessaire à cet effet un médecin anesthésiste, spécialiste inexistant en Belgique à l’époque. Etant moi-même médecin aux Forces Belges en Grande-Bretagne, je sollicitai un congé pour une formation rapide dans cette discipline.

La FSU belge fut ainsi mise sur pied au début de 1944 et les hommes furent entraînés au montage et au démontage de l'installation, en attendant de pouvoir entrer en action.

Une FTU était d'autre part composée d'un officier médecin. 1 à 2 soldats techniciens et 1 chauffeur. Elle disposait d'un camion équipé de frigorifères. L'officier de la FTU belge était le Sous-Lt Roger LINZ qui, après la guerre, devint Chef du Laboratoire de Bactériologie de l'Hôpital St-Pierre de Bruxelles. La décision de créer cette unité ayant été prise tardivement, le véhicule spécialisé n'avait pas pu être équipé complètement, mais l’équipe pouvait entrer en action en s'intégrant dans une autre unité existante.

Les unités combattantes belges furent placées sous les ordres de la « 6th Airbome Division", en ligne depuis deux mois et ayant subi de lourdes pertes. Nos deux unités médicales furent envoyées à un hôpital de campagne du même Corps d'armée, le 33 CCS du "1st Army Corps", installé près du villageSt Jean des Essartiers, dans une "Médical Area" en association avec d’autres unités médicales. Je me représentais un hôpital de campagne dans une zone de combat comme inévitablement désordonné et plutôt malpropre. Dans notre trajet depuis Arromanches un trafic dense, sur un nombre fort limitéde chemins de terre, soulevait continuellement des nuages de poussière retombant sur la végétation environnante, celle-ci avait conféré à la nature une couleur terne grise. L’hôpital, monté dans une prairie à l’écart des itinéraires encombrés, avait un cadre verdoyant merveilleux. Les nombreuses tentes étaient impeccablement alignées et harmonieusement distancées. On n'apercevait ni détritus, ni souillures quelconques abandonnés sur le sol. Le premier contact visuel avait causé une véritable émotion esthétique, peu en accord avec les circonstances du moment.

 

13 août 1944. La Field Ambulance Company dans les carrières de l'Orne
22 août 1944. Villa Pommerose à Villers-sur-Mer. En blanc, le Lt Médecin René PETRE avec les infirmiers de la Fd Amb Coy

L'action en campagne

Nous fûmes aussitôt mis à la tâche. Les ambulances déposaient les blessés à la tente dite "Resuscitation". Celle-ci était à la fois un poste de triage et de réanimation. Les patients y subissaient un examen détaillé. Ceux qui étaient à même de poursuivre la route sans risque étaient évacués en Angleterre. Les blessés nécessitant préalablement un traitement chirurgical étaient retenus et y recevaient éventuellement des soins de réanimation.
Le terme réanimation nous fait penser à nos unités de soins intensifs présentes. Mais en 1944 les nombreux moyens, actuellement déployés pour le monitoring, les investigations diagnostiques et la thérapeutique, étaient inconnus pour la plupart. L'état du patient était évalué essentiellement par l'aspect de la peau, la fréquence et la qualité du pouls et la détermination de la pression artérielle.

Comme analeptiques, étaient utilisés la nikethamide, l’éphédrine et des vasopresseurs apparentés, mais la seule catécholamine disponible était la précieuse adrénaline. L'arsenal thérapeutique comprenait des bonbonnes d'oxygène et d'excellents masques d'oxygénothérapie.
Les blessés en état de choc étaient souvent placés sous des ponts chauffants. C'étaient des arceaux, constituant un demi-cylindre, dont l'intérieur était garni de lampes électriques chauffantes. La description classique de l’état de choc était la pâleur, des extrémités cyanosées et une peau froide et moite. On croyait ainsi aux vertus d'un réchauffement externe. Toutefois, dans la littérature, des voix autorisées avaient déjà mis en garde contre un recours démesuré de réchauffement.

On ne pourrait assez rendre hommage à l'efficacité des unités de transfusion, des équipes ont été en action dés le 16 juin 1944 et une banque de sang a fonctionné en Normandie à partir du 11 juin. Les livraisons, effectuées par bateau et par avion, ont couvert une consommation moyenne de 400 bouteilles par jour.

Une fois considéré opérable, le blessé était envoyé à la tente opératoire selon les priorités décidées.

Concernant le travail chirurgical, la table d'opérations était rudimentaire sur des tréteaux. Avec l’aide de coussins et de couvertures on s'efforçait de mettre le patient dans la position posturale requise. L'éclairage était donné par des ampoules électriques fixées aux bouts de 6 lattes disposées comme des rayons d'une roue autour d’un axe central.

J'ai le souvenir de seulement trois infections dramatiques, toutes chez des blessés allemands, trouvés abandonnés par leurs troupes en retraite. L'un était un jeune de 17 ans, atteint de péritonite, pleurant désespérément en appelant sa mère; le deuxième avait une gangrène dans un vaste trou de la région fessière; le troisième avait un empyème thoracique paraissant curable. A part les facteurs des conditions de la bataille. Il y a lieu de remarquer que la qualité de la médecine allemande était tombée à un niveau déplorable. Pour le régime nazi, la médecine n'était pas contributive à la puissance de la nation et les études de médecine avaient ainsiété écourtées.
L'opération terminée, le blessé était transféré à une tente d'hospitalisation, où il était pris en charge par d'autres médecins.
La tente opératoire était ainsi en activité pratiquement continue. Deux équipes s'y succédaient à une alternance de 8 heures, de sorte que chacune était au travail pendant 12 heures sur les 24. Les 8 heures d'intermède étaient consacrées au sommeil, à la toilette et aux repas.

A ce rythme de travail, nous avions sans doute un rendement maximal, restant toujours en excellente forme, sans jamais souffrir d'un excès de fatigue, ce qui était évidemment très important pour la sécurité des patients. Une telle structure d'exercice de la médecine avait un certain caractère de taylorisme. Nous étions ancrés à la salle d'opérations sans voir les patients avant l'opération et sans les suivre ensuite. Du point de vue de la médecine civile, ceci apparaissait comme une médecine déshumanisée, Alfred DUMONT en était quelquefois offusqué. Mais les régies en vigueur étaient clairement bénéfiques. L'ambiance du travail était d'ailleurs hautement gratifiante. Jamais nous n'avons manqué de quoi que ce soit dans les médicaments, les solutions de perfusion, le sang transfusionnel, les fournitures diverses. Nous avions le sentiment d'accomplir nos taches dans des conditions optimales pour les circonstances existantes. Le registre des opérations que nous avons pratiquées n'a pas été retrouvé. Dans un rapport du Commandant du 33 CCS, le Lt Col Heywood Jones, contenant des analyses statistiques, la durée moyenne des opérations fut de 1 hr 42 min. Sur cette base, nous aurions soigné environ 150 blessés au cours de la bataille de Normandie.

Durant tout ce mois d'août, la Brigade belge avait combattu en direction Nord-Est, parallèlement à la côte atlantique. Elle avait franchi successivement les obstacles naturels des rivières Orne, Dives, Touques, Risle et libéré de nombreuses petites villes et villages, Franceville, Merville, Cabourg, Pont-l'Evéque, Pont-Audemer, Auberville, Villers-sur-Mer, Deauville, Trouville, Honfleur. Ses missions militaires avaient été exécutées avecbrio. En témoigne le message de félicitations envoyé le 29 août par le Major-Général Richard Gale, Commandant de la "6th Airborne Division". Il est bien connu que nos amis anglais ne sont guère prodigues en éloges et ceux qu’il exprima avaient été indubitablement bien mérités.

L'objectif suivant pour la Brigade était de pousser vers le Havre, port d'importance stratégique. Mais le 1 septembre, il apparut que, sur tout le front de Normandie, les Allemands reculaient en déroute. Les ordres furent alors changés et la Brigade Belge allait prendre place derrière la "Brigade of Guards" pour marcher sur Bruxelles.

Nous reçûmes ainsi subitement à la 33CCS, le 1 septembre, l’ordre pour les Belges de charger le matériel, toutes affaires cessantes, et da partir vers Rouen et y rejoindre la Brigade Belge.
Ce fut une surprise totale avec une explosion de joie. Le passage de Caen nous donna le spectacle des effroyables destructions de guerre. Nous pûmes traverser la Seine à Rouen sur' un pont de chemin de fer, dont le tablier était brisé, encombré de débris et de cadavres de chevaux, mais franchissable. Dans l’après-midi du 4 septembre, nous entrâmes dans Bruxelles libéré, dans une atmosphère de liesse inoubliable. C'était l'heureuse clôture de la bataille de Normandie.

Dans la bataille de Normandie, la Brigade Belge a perdu 28 hommes. Parmi ceux-ci, il y avait un ami proche, le Lt Benjamin PINKOUS, blessé mortellement à la traversée de la Toucques. Etudiant en pharmacie, il se trouvait avec moi au Centre d'Instruction du Service de Santé belge aux Sables d'Olonne le 18 juin 1940, lors de la capitulation de Pétain. Nous avions fait ensemble notre évasion vers l'Angleterre et partagé de périlleuses aventures. Il a suivi la formation à l'Ecole des officiers de Sandhurst et ensuite celle de commandos en Ecosse. Il est tombé au « Champ d’Honneur ». Mais déjà avant l’engagement au combat, l’entrainement rude durant les années de préparation fit des victimes qui sont mortes sans aucune gloire. Un camarade très attachant, Robert STENUIT, étudiant en philosophie et lettres, s’est tué en vol d’entraînement sur un avion Spitfire. Je fus témoin de la mort accidentelle du Capitaine Georges TRUFFAUT, député socialiste, très aimé de ses hommes. Dirigeant un exercice de lancement de grenades pour sa Compagnie, il n’applique pas assez pour lui-même les précautions qu’il recommandait. Un éclat pénétra par l’orbite dans son crâne et il fut tué sur le coup.

Source : Une équipe chirurgicale belge à la bataille de Normandie en 1944 (Vesalius, 1995)

Né en 1917 à Scheveningen, Hollande, Henri REINHOLD était en fin d’études de médecine à l’Université Libre de Bruxelles lorsque, le 10 mai 1940, l’armée allemande envahit la Belgique. Ayant rejoint comme volontaire le Service de Santé de l’Armée Belge, il quitta le continent européen après la capitulation de Pétain pour rejoindre les Forces Belges de Grande-Bretagne.
Là, il apprit la spécialité d’anesthésiologie, inexistante à l’époque en Belgique. Ayant participé comme anesthésiste à la Bataille de Normandie, il en fit sa profession après la guerre. Il créa ainsi à l’Institut Jules Bordet, le premier centre d’anesthésiologie des hôpitaux universitaires de Bruxelles. Il y développa l’enseignement de cette spécialité, fut un des fondateurs de la Société Belge d’Anesthésie et de Réanimation et secrétaire de rédaction des Acta Anaesthesiologica Belgica.
Le Professeur Henri REINHOLD décèdera le 15 septembre 1995.

25 août 1944 à Honfleur. Chaque peloton des unités motorisées comportait 2 brancardiers.
Le 2 septembre 1944. L'ambulance de la 1ère Unité à Rouen.

 

La Faculté de Médecine de l’Université libre de Bruxelles sous l’Occupation

Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent la Belgique. Nombreux sont les professeurs intégrés dans le Service de Santé et les étudiants en médecine qui vivent la retraite chaotique des Alliés fuyant devant l’avance foudroyante de la Wehrmacht. Pour les étudiants appelés, la fuite s’arrête dans le sud de la France où ils sont oubliés de tous durant plusieurs mois et subsistent tant bien que mal jusqu’à leur rapatriement, au mois d’août, en Belgique occupée.
Le 28 mai, le Roi Léopold III capitule et la Belgique est placée sous la juridiction de l’armée allemande. Dès lors, la Militärverwaltung ne cesse de faire pression sur les autorités académiques de l’U.L.B. afin qu’elles acceptent d’intégrer des professeurs pro-allemands au sein du corps professoral. Mais les professeurs et étudiants n’ont nullement renié leurs idéaux avec la capitulation. Refusant de plier face aux exigences inacceptables de l’Occupant, l’Université ferme ses portes le 25 novembre 1941, cas unique en Europe occupée, pour ne pas devenir le bastion de la germanité. Les étudiants en médecine ont alors le choix entre continuer leur formation dans une autre université ou suivre clandestinement des cours libreexaministe, interdits par les Allemands, et affirmer ainsi leur fidélité à leur Alma Mater. Ceux qui optent pour la clandestinité participent alors à une aventure incroyable et inconsciente faisant fi des risques encourus. Avec la complicité de la Commission d’Assistance publique de la Ville de Bruxelles, les jeunes doctorants sont lancés précocement dans les hôpitaux où ils apprennent leur futur métier sous les bombes. Beaucoup de membres de la Faculté entrent dans la Résistance. Bistouris, stylos ou mitraillettes en main, ils luttent chacun à leur façon contre l’occupant. Bravant le danger, certains soignent des résistants, d’autres rédigent des tracts anti-allemands ou évacuaient des pilotes alliés quant ils ne combattaient pas, arme au poing, l’envahisseur. Les étudiants participent eux aussi à la lutte, certains payeront d’ailleurs de leur vie cet engagement sans limite ou seront déportés dans des camps de concentration. Pour ceux qui gagnent l’Angleterre, où s’est formé un Gouvernement belge libre, ils intègrent les Forces belges en Grande-Bretagne - en particulier la fameuse Brigade Piron - au sein de laquelle ils reviennent libérer la Belgique en 1944.

Les discriminations qu’exerce l’occupant sur une partie de la population entraînent des réactions immédiates dans tout le pays. La Résistance s’organise en Belgique et de nombreux membres de l’U.L.B. y prennent part.
S’il n’y a pas de groupes de résistance spécifiquement issus de la Faculté de Médecine, professeurs, médecins et étudiants s’impliquent individuellement en participant à la publication d’organes de presse clandestine, en soignant des résistants blessés, en intégrant des réseaux d’évacuation de pilotes alliés ou en s’engageant directement dans la lutte armée.
Dès novembre 1941, les Etudiants Socialistes Unifiés (ESU) diffusent un tract contre les discriminations dont sont victimes les professeurs juifs et appellent à la défense du Libre Examen. Sous l’impulsion des ESU et du Docteur René DUMONT, beaucoup d’étudiants en médecine adhèrent aux idées socialistes et communistes, l’idéologie prenant rapidement la forme d’un combat armé. Les membres de l’U.L.B. se distinguent également par une abondante publication de journaux clandestins. Maurice De Laet, professeur de physiopathologie du travail, est le principal rédacteur de la Belgique Nouvelle qui parait régulièrement entre la fin de l’année 1940 et 1944. Au sein de la lutte armée, hommes et factions se distinguent tels le Groupe D, l’Armée secrète, le Groupe G… Plusieurs d’entre eux paient de leur vie leur idéal de liberté.

Les Belges en Angleterre et la Brigade Piron

La lutte contre l’occupant se poursuit également hors des frontières. Le Service de Santé des Forces belges en Grande-Bretagne créé en 1941, prend en charge les blessés belges et gère les bureaux de recrutement et l’hospitalisation des soldats belges se battant dans les forces armées britanniques. Le First Belgian Group officiellement formé en 1942, est placé sous le commandement du major Jean-Baptiste PIRON. En 1943, Alfred DUMONT, chirurgien à l’hôpital Brugmann, parvient à gagner l’Angleterre où il intègre les Forces belges avec le grade de Capitaine-médecin. Il met sur pied une équipe chirurgicale mobile autonome opérationnelle dès 1944, ce qui lui vaut le grade de Major-médecin.

Le Corps Médical de cette Brigade est divisé en trois unités : la First Belgian Field Surgical Unit,  unité chirurgicale mobile ; la Belgian Field Ambulance, unité ambulancière et la Belgian Field Transfusion, unité de transfusion. Plusieurs médecins et étudiants de l’U.L.B. intègrent les sections médicales ou combattantes de la Brigade Piron. Le 1er septembre 1944, elle est incorporée dans le 30th Corps, ce qui lui permet de participer à la campagne de Belgique. Le 4 septembre, elle entre dans Bruxelles.

Pouvant accueillir 20 blessés et autonome pour une centaine d’interventions, l’Unité chirurgicale mobile se compose d’un chirurgien, d’un anesthésiste, d’une ordonnance, de cinq infirmiers, de trois chauffeurs et deux camions. Elle peut de la sorte transporter tout l’équipement nécessaire : appareils d’anesthésie, tente d’hospitalisation, lits et matériel médical… Les chirurgiens se relayent toutes les huit heures et les patients bénéficient d’un nouveau traitement : la pénicilline fraîchement importée par l’armée américaine. Henri REINHOLD incorpore la First Belgian Field Surgical en 1944, en tant qu’anesthésiste. Cette spécialité n’existant pas en Belgique, il effectue d’abord un stage à Londres afin de se familiariser avec l’usage de l’éther, des gaz et des autres agents anesthésiants. Il participe ainsi aux campagnes de France, de Belgique et de Hollande.

Commandée par le Sous-lieutenant médecin Roger LINZ, diplômé de l’U.L.B. en 1934 et bactériologiste à l’Institut Pasteur de Bruxelles puis à l’Hôpital Saint Pierre, l’unité de transfusion se compose d’un officier, d’un technicien, d’un chauffeur et d’un camion où les poches de sang sont conservées dans des frigos. Arrivé en Angleterre en mars 1942, Roger LINZ est affecté au Second Belgian Group. Lorsqu’il débarque sur le continent avec son unité en août 1944, il reçoit l’aide de deux médecins canadiens. Cette unité, assure l’approvisionnement des médecins belges en poches de sang et de plasma au cours des campagnes de France et de Belgique.

L’Unité ambulancière commandée par le Lieutenant René PETRE a pour mission d’évacuer les blessés du front vers un centre situé à quelques kilomètres. Le personnel médical repère les lésions, stoppe les hémorragies, administre de la morphine si nécessaire et pratique des trachéotomies. Après la libération de la Belgique, de nombreux jeunes patriotes se portent volontaires pour intégrer la désormais célèbre Brigade Piron. Claude GOMPEL, étudiant de deuxième candidature et Jean VANDERSTRICHT de troisième candidature, rejoignent les Forces belges et participent aux campagnes des Pays-Bas et d’Allemagne.

Les étudiants en médecine sont systématiquement aiguillés vers le Service de Santé. Certains membres de la Faculté choisissent délibérément d’intègrer les unités combattantes de la Brigade Piron. Alfred LACHOWSKY étudiant de candidature, intègre la 1st Motorized Unit de la First Belgian Group dès 1942.
Maurice VERBANCK quitte la Belgique en mai 1942. Arrêté par la gendarmerie française, il s’évade et incorpore la Légion Etrangère. Envoyé en Algérie avec son unité, il gagne l’Angleterre après le débarquement allié de novembre 1942. Il rejoint alors la Brigade Piron avec laquelle il participe aux campagnes de Normandie, de Belgique, des Pays-Bas et d’Allemagne.

En 1934, Frédéric WITTEK quitte l’Allemagne nazie pour la Belgique. Lié à André De Jonghe, chef du réseau d’évasion Comète, il gagne le Portugal en compagnie d’un groupe d’aviateurs anglais avant de rejoindre l’Angleterre et la Brigade Piron. Il participe également aux campagnes de Belgique, de Hollande et d’Allemagne et sera diplômé de l’ULB en 1952.

Lors de la capitulation de la Belgique, Albert GUERISSE s’exile en Angleterre. Après une courte instruction d’agent spécial, il circule sous le nom de Capitaine de corvette Patrick O’Leary. En avril 1941, il est appréhendé par la police française à Collioure et incarcéré à Marseille puis à Toulon. En juin, il réussit à s’évader et intègre sous le nom d’Adolphe Cartier un réseau de récupération de pilotes alliés. Durant dix-huit mois, le réseau de Guérisse permet à plus de 600 pilotes et agents alliés de regagner l’Angleterre via Marseille, Narbonne et Gibraltar. Dénoncé en mars 1943, il est incarcéré à Toulouse puis à Fresnes. Torturé par la Gestapo, il est ensuite déporté à Mathausen, puis à Natzweiler-Struthof et enfin à Dachau où il soigne ses camarades d’infortune jusqu’à la libération du camp par les Américains le 29 avril 1945. En mai, il est désigné comme membre de la Commission des crimes de guerre à Nuremberg. Pour son courage, Albert GUERISSE a reçu les plus hautes décorations belges, françaises et britanniques.

Source :  Dossier de Presse : La Faculté de Médecine de l’Université libre de Bruxelles sous l’Occupation. 2009

 

Le Lieutenant Médecin René PETRE, commandant de la Compagnie Ambulances
Le Lieutenant Médecin Roger LINZ, responsable de la Field Transfusion Unit