SIMONET Maurice - Capitaine - Mat 34995

Batterie d'Artillerie - Etat-Major

 

Capitaine Maurice SIMONET
Artillery Battery – Staf
Matricule : 34995

Le lieutenant Maurice Simonet a participé à la campagne des 18 jours comme commandant de batterie au 9A.  Fin mars 1941,  il avait été discrètement avisé que, si il avait l’intention de passer en Grande-Bretagne, il avait intérêt à recontrer à Bruxelles un officier de l’Etat-Major de la Gendarmerie,  le lieutenant Van Caster.  Ce dernier lui exposa qu’il coopérait avec le contre-espionnage de Vichy, sur la base d’un donnant-donnant.  Un des services qu’il lui demandait occasionnellement était le passage d’agents en zone française libre.

"Nous serions vraisemblablement à trois pour le voyage.  Cela a marché.  Notre convoyeur était un jeune officier français basé à l’Etat-Major de Limoges.  Il nous donna les « tuyaux » nécessaires pour le rejoindre à son domicile de Paris et,  de là il nous donnerait les directives pour un second bond vers la France Libre.  Partis de Bruxelles le 15 avril 1941,  nous étions en fin de mois à Limoges.

Notre intention première était de passer en Afrique du Nord mais,  arrivés à Marseille,  nous en avons été dissuadés par les autorités locales de la Surveillance du Territoire :  les Allemands venaient de reprendre aux Italiens la direction de toutes les commissions de contrôle de l’Armistice fonctionnant dans les ports méditerranéens,  tant en France qu’en Afrique du Nord.  Nous
étions ainsi abandonnés à nous-même.  Les Belges qui tournoyaient en France Libre échouaient fatalement à Montpellier.  Chacun devait se débrouiller pour découvrir les filières et trouver les guides disponibles pour faire le passage soit par mer vers Gibraltar ou l’Afrique du Nord soit par les Pyrénées.
C’est également à Montpellier,  qu’avec un jeune adjudant d’infanterie (devenu colonel aviateur e.r. Louvigny),  nous avons décidé de tenter seul l’aventure,  sans filière ni guides.  Déjà fort avancés à l’intérieur du pays,  nous aurions dû continuer par petites étapes et en trains de banlieue.  Au lieu de cela,  confiants dans le fait que les consulats de Grande-Bretagne et de Belgique à Barcelone prenaient en charge les évadés,  nous nous sommes rabattus sur cette grande ville.  C’était la souricière,  nous y sommes tombés.  En nous déclarant,  à toutes fins utiles,  citoyens britanniques,  nous avons été incarcérés pour quelques semaines à la « Carcel Modelo » de Barcelone.  Sans qu’on nous le dise,  la destination ultérieure devait être le camp de Miranda et,  un jour,  une première étape nous a amenés,  menottes aux poings,  à la prison de Saragosse.  Une deuxième étape fut Irun à la frontière française.

Le lendemain c’était Miranda.  Nous avons passé près de cinq mois dans ce camp,  y avons été libérés fin décembre et,  après quelques jours à Madrid,  nous avons fait notre dernière étape de nuit en Espagne,  en chemin de fer de Madrid à la Linea,  porte de Gibraltar.  Dans les tout premiers jours de janvier 1942,  nous quittions Gibraltar à bord du bateau de passagers polonais "Batory".
Le voyage s’est passé sans incident.  Les collines enneigées de l’Ecosse nous ont accueillis à Greenock près de Glasgow,  près de neuf mois après le départ de Bruxelles.  Les habituelles formalités d’immigration passées à Londres,  ainsi qu’un congé bien mérité,  j’ai directement rejoint l’artillerie comme commandant de la HQ Troop.
"

Le 13 mai,  la Batterie d’Artillerie va s’installer à St-Dogmaels puis à Velindre.
En janvier 1942,  la Batterie d’Artillerie commence sa conversion à l’emploi des canons-obusiers de 25 livres reçus en décembre 1941.

1942-1945 : le canon de 25 livres, manoeuvres en mai 1942                        
(pas de frein de bouche)
Mai 1942 : Le Capitaine Simonet, et le 1er Chef Félix Weerts

Le 8 juin,  la Batterie d’Artillerie revient de Llanelli pour s’établir à Moreton Morell.  Les cantonnements sont situés à 10 kilomètres au sud de Leamington Spa.  Le 24 novembre,  le major B. De Ridder est désigné pour reprendre le commandement de la Batterie d’Artillerie.  

Début janvier 1943, la Batterie d’Artillerie quitte Chepstow pour Clacton-on-Sea.
Le 31 mars 1944 voit la création d’un peloton Luxembourgeois au sein de la Batterie d’Artillerie.  Le 30 avril,  tirs de la Batterie à South Down Plain près d’Alfrison.  La Batterie belge est classée première parmi tous les régiments alliés.  Le 3 août 1944,  le Groupement fait mouvement vers Tilbury.  Le 4 août,  les opérations d’embarquement débutent à 0900Hr dans les docks de Tilbury.
La Batterie d’Artillerie embarque sur le « Empire Gladstone ».  Le 8 août,  le navire lève l’ancre et va se placer à l’abri du brise-lames ;  en quelques minutes, les bateaux transbordeurs viennent se mettre,  bord à bord,  avec notre navire.  Tous les mats de charge sont employés pour hâter le déchargement.

Ordre de bataille de la Belgian Battery pour la Normandie :

- Chef de Corps

 
LtCol. DE RIDDER

- Commandant en second

 
Maj. DUBOIS
- Adjudant-Major
  Lt. HAES
- Commandant Tp EM et CPO
  Lt. NICOD
- BSM
  Adjt. COULON
- TSM Tp EM
  1e Chef HELLEPUTTE
- Commandant Tp A
  Capt. LEDENT
- GPO Tp A
  Lt. MARECHAL
- TSM Tp A
  1e  Chef WEERTS
- Commandant Tp B
  Capt. SIMONET
- GPO  Tp B
  Lt. DERENNE
- TSM Tp B
  1e Chef BROSSE

- Commandant Tp C

  Lt. RAQUET
- GPO Tp C
  Lt. DANCKAERT
- TSM Tp C
  1e Chef KRIER

Normandie,  anecdote du capitaine Simonet :

"Dans la nuit du 20 au 21,  Cabourg étant toujours occupée par les Allemands,  j’ai reçu ordre de rejoindre comme FOO (observateur avancé) un Commando  britannique (il s’est révélé être écossais) qui avait franchi la Dives puis,  remontant vers le Nord,  s’était infiltré jusque quelque part sur le gros massif qui,  juste au Sud-Est de Cabourg,  dominait toute la plaine de l’embouchure.  Avec mon équipe d’observation,  un peu à l’aveuglette et initialement dans l’obscurité,  nous avons du faire un long détour par Troarn,  point de passage obligé pour le franchissement,  avec véhicules,  de la Dives.  Nous sommes arrivés à bon port,  entre 6 et 7h du matin,  et un officier m’a conduit au PC du major qui était,  paraît-il,  très pressé car il m’a reçu et donné ses instructions... assis sur le trône,  dans le petit édicule ad hoc que l’on trouve généralement dans les cours de ferme.  Ce matin-là,  j’ai eu un spectacle assez rare pour un observateur d’artillerie : dominant toute la plaine voisine,  je voyais au loin les coups de départ de nos canons puis,  un peu plus tard,  les explosions sur des objectifs qui se situaient à mi-chemin à peu près entre la position de tir et moi-même.  Vers midi,  nos unités avaient pris Cabourg.  Le Commando s’est retiré et c’est avec mon véhicule que j’ai rejoint la 1e compagnie qui franchissait la rivière avec des moyens de fortune et commençait sa progression au-delà de la Dives,  provisoirement à pied. 
Dans la soirée du 23 août,  les ordres sont donnés par le commandant de la 6th Airborne Division pour la phase suivante de l’exploitation :  pousser vers la rivière Risle.  L’axe de l’attaque partira de la tête de pont de Pont-l’Evêque,  sur la Touques et passera par Beuzeville et Saint-Maclou,  pour atteindre finalement Pont-Audemer.  A Pont-l’Evêque,  un pont pour jeeps fonctionnera le 24 et un pont pour charroi lourd le lendemain.  Dès le 24,  cependant,  des véhicules lourds peuvent passer un peu plus au Sud,  dans le secteur de la 49me Division britannique".

Pour cette phase de l’opération,  l’Escadron et la Batterie seront détachés de la Brigade belge et renforceront les moyens divisionnaires.

 

La première Campagne de Hollande
« Le clocher de Thorn »,  le récit du capitaine Simonet

Clocher de Thorn,  observatoire de la Batterie,  atteint par un obus de 88mm

Le capitaine Maurice Simonet raconte le coup de chance qu’il a vécu dans le clocher de Thorn,  le 26 septembre,  après-midi :
« Ce fut un très bel exemple de chance à la guerre.  J’allais toujours en observation avec un ou deux de mes équipiers.  Cet après-midi là,  je suis monté seul à la tour parce que mes gars jouaient tous ensemble aux cartes et que je ne voulais pas les déranger.  Après avoir observé tout un temps de la place habituelle derrière les abat-son,  l’idée m’est venue,  parce qu’il faisait particulièrement clair,  de regarder dans la ville de Roermond légèrement sur ma droite à une dizaine de kilomètres.  Pour mieux voir,  je me suis porté dans le petit clocheton d’angle où l’on n’allait jamais.  C’est peu après que le premier obus de 88mm allemand est arrivé pile au but (la lucarne d’observation sciée dans les abat-son)  puis a éclaté au milieu de la tour.  J’étais indemne... ».

extraits
« L’artillerie Belge en Grande-Bretagne et dans les Combats de la Libération »
1941-1945 First Belgian Field Battery (Regiment)
par Lt Col BEM er J. GELARD

4 Septembre 1944. Le Capitaine Simonet à la Libération de Bruxelles

 

Didier Dufrane