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MUSSCHOOT Pierre - SLt - Mat 2134 Bde Trains - RASC
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SLt Pierre MUSSCHOOT
Brigade Trains - RASC
Matricule : 2134
Pierre MUSSCHOOT est né le 01 décembre 1918 à Lombez (France).
En 1936, il entre à l’Ecole des Cadets de Namur et rejoint en 1939 l’Ecole Royale Militaire.
Le 10 Mai 1940, alors qu’il est en première année à l’Ecole Royale Militaire, c’est l’invasion par les troupes allemandes. Les élèves officiers, non encore formés, sont contraints de faire mouvement en train vers le nord. Très vite, les bruits courent selon lesquels les armées alliées seraient en déroute… Le 18 mai, le convoi passe la frontière française. Après des escales à Boulogne-sur-Mer, Etaples, Dieppe, Lisieux, Le Mans, Saumur et Toulouse, ils arrivent à Carcassonne le 23 mai.
A la capitulation de l’Armée belge (28 mai 1940) et l’armistice franco-allemand (22 juin 1940), l’instruction est arrêtée. Certaines unités sont démobilisées. Certains quittent leur unité dans la crainte d’être remis à l’ennemi et d’être probablement envoyés en captivité. A ce moment, des « Postes de secours de l’armée belge » sont créés. La plupart des élèves sont désignés pour gérer ces postes. Pierre MUSSCHOOT sera affecté dès le 15 août au poste de Carcassonne. Le 17 septembre, il est muté au Haut commissariat belge pour les départements du Gard et du Vaucluse à Toulouse.
20 août 1940 avec "Pampou" à Carcassonne | Septembre 1940, Toulouse |
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Le 26 septembre, il est chargé de se rendre à Vichy pour y rejoindre le Centre de rassemblement des Postes de secours de l’armée. En octobre, Pierre MUSSCHOOT tentera de rejoindre l’Angleterre au départ de Marseille. Il s’embraque pour Oran. Malheureusement, cette tentative d’évasion sera un échec.
Déçu, il décide de remonter en Belgique pour trouver un moyen plus direct d’atteindre l’Angleterre. Il ne restera pas bien longtemps auprès de sa famille à Ciney puisqu’un mois plus tard, le 14 avril 1941, il repart pour la grande aventure avec son ami Jean STERCKMANS.
Après bien des péripéties, ils atteignent Montpellier et intègrent une filière d’évasion. Ils se rendent à Cerbère, petit village proche de la frontière espagnole. Là, ils font la connaissance de leurs compagnons d’évasion : Le Commandant WINTERGROEN (qui commandera plus tard la 1ère Unité Motorisée de la Brigade) et Félix WEERTS qui servira dans la Batterie d’Artillerie de la Brigade). De nuit, aidés par un guide local, ils traversent les Pyrénées par un sentier de montagne. Le but est de rejoindre le Consulat d’Angleterre ou de Belgique à Barcelone. Après Figueras, ils sont arrêtés par deux « Gardes Civils » espagnols. Ils se retrouveront comme beaucoup d’autres, au Camp de prisonniers de guerre de Miranda de Ebro. Leur détention dure 3 mois. Privations, sous-alimentation et conditions de détention déplorables.
Pierre Musschoot et Jean Sterckmans | Camp de Miranda de Ebro, le lavoir... |
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Le 12 août 1941, Pierre MUSSCHOOT est libéré (Félix Weerts le sera 3 jours plus tard). Il rejoint enfin Gibraltar où il est pris en charge par l’armée anglaise. Il devra attendre jusqu’au 1er octobre pour pouvoir enfin s’embarquer pour l’Angleterre à bord du "Leinster".
C’est le 11 octobre 1941 que Pierre MUSSCHOOT arrive en Angleterre. Il débarque à Liverpool et rejoint avec d’autres évadés le bureau belge de Londres. Il se voit refuser l’entrée à l’aviation car, à cette époque, pour y être admis, il fallait avoir été pilote ou élève pilote. Il est donc repris aux Forces Belges de Grande-Bretagne et rejoint le 1er Bataillon de Fusiliers à Carmarthen le 21 octobre.
Il suit d’abord une formation d’instructeur en petites armes. Il est ensuite désigné pour suivre une formation accélérée d’officier de 6 semaines. A l’issue de ces différentes formations, il est affecté à la 1ère Unité Motorisée. Son compagnon d’évasion, Jean STERCKMANS, s’engagera dans les services spéciaux. Il sera fait prisonnier par les allemands en août 1942.
Le 3 juin 1944, Pierre MUSSCHOOT se marie avec Eileen COOMBES qui servait dans la Royal Navy.
Septembre 1941 à Gibraltar | Eileen Coombes, la jeune épouse de Pierre Musschoot |
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Le 4 août 1944, malgré que son épouse soit enceinte, il s’embarque pour la Normandie. Il est alors affecté au « Brigade Train » (unité d’appui de la Brigade chargée de l’approvisionnement en carburants, munitions et vivres) commandé par le capitaine BERO.
Le 8 août, les nombreux camions de l’unité d’appui sont déchargés à Arromanches. La zone de regroupement de la Brigade se situe à Plumetot. A peine arrivés au cantonnement, la première mission de la Brigade est donnée. Le Commandement de la 6th Airborne Division sollicite l’appui des véhicules de la Brigade pour transporter un bataillon anglais de parachutistes vers Pont l’Evêque. Dès 19 heures, la colonne, sous le commandement du Lieutenant MUSSCHOOT, se met en route. La mission durera jusqu’au matin suivant, ce seront trois bataillons qui seront ainsi transportés.
Durant toute la campagne de Normandie, et en particulier lors de l’Opération « Paddle » qui débuta le 17 août jusqu’au passage de la Seine le 1er septembre, l’unité du Lieutenant MUSSCHOOT fut en charge d’appuyer efficacement en munitions, en vivres et en carburant, les 2200 hommes et les 500 véhicules de la Brigade !
Le 3 septembre, c’est le retour en Belgique par le poste frontière de Rongy. Le lendemain, la Brigade rentre dans Bruxelles.
Pierre MUSSCHOOT retrouve enfin sa famille quittée il y a …3 ans et demi !!!
Les retrouvailles sont brèves car déjà la Brigade doit repartir au front pour la Campagne du Limbourg Belge et la première Campagne de Hollande (région entre Kinrooi et Sandfort). Le « Brigade Train » s’installe dans une école à Brée. En plus des missions d’appui logistique de la Brigade, l’unité de ravitaillement organise une aide humanitaire consistant à aller chercher de la farine à Anvers pour la distribuer aux boulangers de la région. Le 17 novembre 1944, la Brigade est relevée par une Brigade anglaise. C’est le retour sur Louvain et ensuite Saint-Nicolas-Waes.
Le « Brigade Train » devient la compagnie RASC (Royal Army Service Corps) de la First Belgian Brigade.
C’est durant cette période de réorganisation que Pierre MUSSCHOOT demande à rejoindre une unité d’infanterie. Il est alors affecté auprès du 3ème Bataillon d’Infanterie de la Brigade, stationné à Tamise, sous le commandement du Major PONCELET. Le 28 février 1945, au cours d’un exercice de lancement de grenade, il sera blessé et évacué sur l’hôpital militaire britannique de Gand.
Il sera cité l’Ordre du Jour de la Brigade :
« Jeune officier d'un moral élevé, blessé en service commandé au cours d'un exercice de lancement de grenades : une grenade étant tombée à courte distance d'un petit groupe d'hommes, n'a pas hésité à se porter en avant pour la repousser à deux reprises et à poser son pied sur elle, faisant ainsi preuve d'une abnégation totale et sauvant la vie des hommes qui se trouvaient derrière lui »
Le 27 mars, il quitte l’hôpital et bénéficie d’un congé de convalescence d’un mois. C’est pour lui la chance de revoir son épouse après une absence de huit mois, et de faire la connaissance de son fils né le 10 mars … !
Fin avril 1945, il retourne sur le front de Hollande, mais le conflit se termine.
En juin 1945, c’est l’occupation en Allemagne. Il est alors à la Compagnie B du 3ème Bataillon commandée par le Capitaine COURMONT, stationnée à Benteleer.
Il sera ensuite affecté à la Compagnie C du capitaine GOORMANS stationnée à Wadersloh, comme instructeur pour la réadaptation des officiers d’infanterie anciens prisonniers de guerre.
En décembre 1945, la Brigade est dissoute. Le 3ème Bataillon déménage sur Bruges. Pierre MUSSCHOOT est alors convoqué à l’Ecole Royale Militaire pour y terminer ses études. Il poursuit sa carrière militaire jusqu’à sa pension en 1970.
Il sera actif durant des années au sein de nombreuses organisations patriotiques.
Il décède le 20 juin 2006 à l’âge de 87 ans.
Jean-Louis Marichal
Source : « Pierre - Roman autobiographique », Ed Vezham 1999