DIDISHEIM René - Capt- Matr 31124

Etat-Major - Offr Rens

 

Capitaine Didisheim René
Brigade Staff
Matricule : 31124
°1907  +1994

 

Le 10 mai 1940,  à quatre heures 15 du matin,  sur le Canal Albert,  la 7e division d’infanterie belge dont le 2e régiment de Grenadiers du colonel Van Sprang,  subissait l’effroyable choc de cette machine de guerre allemande qui ne s’arrêterait qu’aux Pyrénées.  Les pertes furent terribles.
Le lieutenant de réserve Didisheim avait fait la campagne des 18 jours.  Il sera parmi ceux qui,  non envoyés en Allemagne commencera tôt à regrouper des anciens soldats et ses camarades d’unité.

Son régiment fut dans un premier temps évacué sur la France et le commandement envisageait de s’en servir pour le « réduit breton ».  Il ne possédait même plus,  comme le témoigne un rapport du colonel Duez, l’armement et l’équipement pour être opérationnel.  Après les drames de cette « Heure du Choix »,  le ballottage des officiers de réserve auxquels la plupart des chefs de corps rendent leur parole,  le spectacle des troupes allemandes qui défilent dans nos rues en chantant persuadées d’avoir « gagné »,  il décide de rejoindre la Grande-Bretagne et prend son bâton de pèlerin en septembre 1941.

Il pénètre dans la zone libre de Vichy,  passe à Lourdes et franchit les Pyrénées à pied.  Arrêté par les Espagnols,  il reste deux mois en prison à Orensa et fuit alors sa résidence forcée pour passer à pied encore la frontière portugaise.  Après trois semaines à Lisbonne,  le René-Paul l’amène à Gibraltar.  Il quitte le roc sur le « Batory » à bord duquel il retrouve un autre Grenadier : le major Jean Piron.  Vous connaissez ?  Ils ne se quitteront plus.

Son épouse,  Claire Maigret de Priches,  issue de la noblesse,  était dans la résistance et a été arrêtée par la Gestapo en 1942.  Condamnée à mort à Essen, elle sera emprisonnée dans le camp de concentration de Ravensbruck.  Sa peine de mort sera transformée en « Nacht und Nebel » pour un temps indéterminé.
Elle sera libérée in extremis en avril 1945 par la Croix-Rouge.

A la formation du 1e Belgian Independant Group’,  il devient un pion majeur de son Etat-major,  l’I.O. (officier de renseignement).  Non seulement il est reconnu comme très efficient dans ce poste,  mais il parvient aussi à se faire apprécier de la bande de jeunes turcs qui forment le cadre de cette grande unité et qui ne monnayent leur sympathie qu’aux meilleurs.  C’est qu’ils lui reconnaissent en plus de sa compétence,  une grande franchise,  qu’ils aiment son esprit enjoué qui lui fait participer avec eux à quelques soirées mémorables tout en restant le gentleman,  et que,  ayant l’oreille du « Lion »,  il n’hésite pas à le pacifier à l’occasion,  pour le bien de l’un ou de l’autre.  Il fut un des rares confidents du dit chef et son influence fut grande.

René Didisheim,  2e à gauche
René Didisheim,  3e à partir de la droite.
R. Didisheim avec lunettes, à droite G. Houbion
Arrière plan,  R. Didisheim, avant plan, le Cdt Houbion

L’une des qualités les mieux pratiquées par Jean-Baptiste Piron fut celle de l’art de s’entourer.  Entre Maurice Poncelet et René Didisheim,  il jouait gagnant.

Le capitaine Didisheim exerça son art au cours de la campagne de Normandie, de Belgique et de Hollande où il fut cité pour action d’éclat.  Il était allé rechercher le corps du lieutenant Jacques sur la route qui monte à Wessem et qui restait sous le feu des mitrailleuses allemandes.

Le Col Piron et le Capt Didisheim, 4 Sep 44

 

René Didisheim en conversation avec le Prince Charles. A droite, le Col Piron. Photo prise à Neeritter

 

Lors de la réorganisation de la Brigade en trois bataillons,  le 3e à Tamise fut confié à Maurice Poncelet qui choisi René Didisheim comme adjoint.  Distingué, n’élevant jamais la voix,  un perpétuel sourire au coin des lèvres,  le regard doux mais pétillant d’intelligence :  nous l’aimions tous !  Retourné à la vie civile, il sortira déjà en 1946,  « L’Histoire de la Brigade Piron »,  le premier livre se voulant complet sur le sujet.  « AU DELA DE LA LEGENDE ».

Merci,  Sire,  d’en avoir fait un « baron ».
Merci,  Seigneur,  de lui avoir donné un fils célèbre...
Merci,  messieurs les Anglais de lui avoir décerné la Military Cross.

Extraits
« H. Hiernaux – Fraternelle Brabant-Hainaut 1995 »
« LE RENDEZ-VOUS DE GIBRALTAR »
par Guy Weber
Photos de Jean-Louis Marichal.