DEPREZ Edouard - Sdt - Mat 13162

3ème Bataillon - B Coy - 3ème Peloton

 

 

Sdt Edouard Deprez
3ème Bataillon - B Coy - 3ème Peloton - 2ème Section
Matricule : 13162

 

 Opheusden

 

La dernière escarmouche?  Pour la Brigade,  elle se situe le 21 avril 1945,  dans le secteur d’Opheusden.  L’affaire se passe au sein de la 2e section,  du 3e peloton de la B Coy (celle de Courmont) du 3e bataillon (celui de Poncelet).

A 4 heures du matin nous subissions à nouveau un tir de mortier.  Dans notre position chacun était éveillé.  Pendant la nuit il n’avait presque pas été possible de fermer l’oeil,  nous étions sur le qui-vive.  Il pleuvait et notre trou de fusilier, dans lequel je séjournais depuis quelques jours avec mon ami Malfait en nous relayant pour la garde,  était devenu une mare de boue.  Nous étions fatigués et crasseux et avions soif.  Le jour se levait et le temps s’améliorait.  Parfois, l’artillerie tonnait.  Le « Grebbeberg » au-delà du Rhin était régulièrement pris sous son feu et un avion de reconnaissance tournait en rond au-dessus de nous.


A droite le « Grebbeberg » au-delà du Rhin.

Le temps s’ecoulait lentement et on ne voyait pas un chat,  car tous les civils avaient évacué la région.  Le plus grave était la pestilence des bêtes crevées qu’on rencontrait partout avec le ventre enflé comme des peaux de tambour. Une mitrailleuse tiraillait par intermittence,  mais nous étions en sécurité dans notre trou.  Au cours de l’après-midi le chef de section,  le sergent Tathache se
présente au chef de peloton et revient avec l’ordre de désigner trois hommes pour partir en patrouille dès la nuit tombée.  Nous devions tirer à la courte-paille,  mais nous nous sommes portés tous les trois volontaire :  BillenDecuyper et moi.  Après avoir remis nos documents personnels,  nous sommes partis armés de 2 stenguns,  2 fusils et chacun de 2 grenades.  Nous suivions
prudemment notre chef de section Rik Tathache pour éviter les mines.
On ne parlait pas...  Je n’étais pas à mon aise... j’étais réellement avec mes pensées « à la maison ».  C’était samedi soir et probablement beaucoup de gens ne pensaient plus à la guerre parce qu’ils avaient déjà été libérés depuis quelques mois.

Après environ deux cents mètres une maison se dessine dans l’obscurité.  Le chef de section décide de reconnaître cette maison et les environs avec Decuyper.  Avec Billen nous devons rester le long du chemin conduisant à la maison.  A gauche,  un jardin potager,  à notre droite se trouve la digue.


La boulangerie occupée par les SS sur la digue à Opheusden était l’objectif
de l’attaque de la compagnie B du 3e bataillon,  23 avril 1945.

 

Les deux hommes sont déjà partis depuis quelques minutes et doivent,  d’après moi,  avoir déjà atteint la maison par derrière.  C’est à ce moment qu’on nous tire dessus.  Billen qui est assis juste devant moi tombe et crie « Rik,  je suis blessé ».  Tout va très vite,  nos deux hommes accourent de derrière la maison et vident leurs chargeurs.

Sdt. Albert Billen

Moi-même je ne peux rien faire car mes deux camarades se trouvent entre moi et l’ennemi.  Nous voyons Billen se traîner avec la plus grande difficulté en arrière.  Je reste sur place jusqu’à ce que mes deux camarades me rejoignent et nous nous replions en tirant.  Nous retrouvons Billen devant nos positions. Deux infirmiers sont déjà auprès de lui,  mais il a une balle dans le bas-ventre.
Le lendemain matin on le transporte,  mais hélas tout a été vain.  Billen est mort le 22 avril 1945.  Il est enterré à Groesbeek au « Canadian Military Cemetery ».

Il n’avait que 23 ans... Un gars du Limbourg.
Hij was slechts 23 jaar oud en geboren Limburger.

  

Monument à Opheusden
A la mémoire des soldats de la première
Brigade Belge " Libération "

extrait
« Des Hommes Oubliés »
par Guy Weber

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