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CLOSE John- Lt - Mat 2212 3ème Compagnie - Etat-Major - Offr Transmissions
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Lt. Close John
3e compagnie – staff - Transmissions
matricule : 2212
Depuis 1938, John Close se trouvait à Bagdad où il était employé par la Société
Ingetra. A l’appel du Gouvernement belge de Londres, il n’hésita pas à rejoindre, via le Cap, les Forces Belges de Grande Bretagne.
Retracer sa vie militaire serait écrire à nouveau l’histoire de la Brigade. Cette
histoire, nous la connaissons par coeur, n’est-ce pas ? Je le revois au mois de
décembre 1943, derrière la table d’un jury qui examinait nos connaissances pour entrer à l’O.C.T.U. Il interrogeait en géographie, avec bonhomie...
Il était un des piliers de la 3e Compagnie. Tous ceux qui ont fait campagne connaissent l’importance de celui qui est en charge des transmissions. Un chef
sans communications est paralysé. Aussi John Close fut-il, avec Alex Detiège,
l’un des « cerveaux » de Louis Nowé qui commandait l’unité. Comment ne pas
leur associer Evrard (dit « Pausole »), Thumas, Saussez, Delhasse, Bulpa, Baugniez et le Docteur Goldblatt ? La campagne de Normandie ? C’est eux...
Quand un obus avait coupé le fil entre le PC du 5e peloton et celui de la Compagnie, on criait « T.S. ! » comme on aurait crié : « Brancardier ! ».
C’est à John Close qu’il incombait de rétablir la liaison et de trouver un « zouave » comme Sojka (dit « Alex le Polak »), pour aller réparer le fil.
Quand le peloton de Léo Van Cauwelaert fut décimé par une avalanche de projectiles de 88mm au carrefour de Conteville, les postes de radio grésillèrent
pour demander aux mortiers d’Armand de dresser un rideau fumigène.
Ces téléphones, ces radios et quelques D.R. (dispatch riders) étaient manipulés
par John Close.
ORDRE DE BATAILLE DU « SIGNAL PLATOON »
du 3e Bataillon de la 1e Brigade
Chef de peloton : lieutenant John Close
Adjoint : s/lieutenant Pierre Crevecoeur
S/Officier Signal : Sgt. Robert Ramakers
(1) ROUSSEAU, Roger 0221 VAES, Jacques 0409 WAGNER, Gustave 0820 DECOSTER, Roger 0899 VAN MIERLO, Jean 0954 SCHUERMANS, Jacques 0975 AUDENAERDE, Edouard 0987 BERLIN, Moi"se 1166 ALLAERT, Lucien 1252 DEFOSSE, Jean-Jacques 1674 (*) SPELER, François 2223 SOJKA, Alex 3058 DEGREEF, Yvan 4408 PETERS, Georges 5635 VERCRUYSE, Willy 5910 |
(2) MEIRSMAN, Auguste 14064 DEGREVE, Roland 10179 de MAERE d'Aertrycke, G. 10184 DE ROOVER, André 10191 FRANCQUI, P. 10212 FRERE, Fernand 10214 HISTACE, E. 10237 LECLEIR, 10252 OMNOZEZ, Roger 10282 PETITJEAN, Claude 10289 POUPEZ de KETTENIS, 10294 STAS, Pierre 10306 |
(3) VAN ANTWERPEN 10316 VAN DE VELDE 10329 VAN PEE 10337 WIJNGAARD 10358 FONTAINE 10423 JACQUES, Roger 10440 KLINKERS, Raymond 10452 PETTENS, Alexis 10465 BLANDIAUX, 10513 |
(4) DEMUNTHER 13036 SALMON 13077 THOMISSEN 18082 GOSSELIN, Henri 13091 VAN HEMELRIJCK 13171 CAMPO 13200 JAMME 13218 HOFMAN 13318 VERROOTEN 13463 JANSSENS, Christian 13590 WUIDART, Jean 13715 WATRIN 14014 DUMONT 14240 QUENNE 14272 MERCENIER, Alphonse 14288 |
(1) Venus de Grande-Bretagne, anciens 3e Cie Motorisée.
(2) Volontaires du 12-10-1944 au 11 R.H.U./Bourg-Léopold.
(3) Volontaires à Louvain en décembre 1944.
(4) Arrivés à Tamise en décembre 1944.
à gauche : Lt. Saussez, à droite : John Close.
Plus tard, à Tamise, quand Poncelet construisit de ses mains ce 3e Bataillon qui devait combattre en Hollande, John Close fut une fois de plus le « Signal Officer » intelligent, zélé et gouailleur. Il lanca lui-même sur les ondes la nouvelle de la capitulation allemande ou plutôt celle de la trêve demandée par l’ennemi dans les Pays-Bas, alors que nous pataugions dans Opheusden.
Et comment oublier le partenaire de l’Aumônier Dethise à la « crapette » ? En effet, aux temps heureux de « Capoue », c’est-à-dire à l’époque où nous cantonnions dans la région de Oelde John Close avait formé un sous-verge à son image d’ailleurs : Pierre Crèvecoeur. Dès lors, il avait des loisirs. Et dans la quiétude de Sunning-Haussen, ce village westphalien occupé par l’état-major du 3e Bataillon, chacun s’occupait. Maurice Poncelet construisait son Ecole de Réadaptation, à Waderslo, avec André Gooremans. René Didisheim trempait sa plume dans le picrate et écrivait l’histoire de la Brigade « au-delà de la légende ». Jean Junion, méditatif, tirait sur sa pipe. Hubert Docquier jetait les bases de l’éducation à l’armée. Raymond Kesteloot retrouvait l’usage normal de son pied troué à Foulbec. John Close et Clément taquinaient l’aumônier au cours d’innombrables parties de cartes.
Démobilisé, il rejoignit Bagdad qu’il ne devait quitter définitivement qu’en 1956. Je l’ai revu au Camp de Vogelsang à la même époque alors qu’il passait les épreuves prévues pour l’accession au grade de capitaine de réserve. Il avait à peine changé. Quel gentil garçon...
Il fut ensuite engagé par une société américaine (General Food) qu’il représentait à Hambourg et depuis 1966, il était rentré en Angleterre, au sein
de la même société. Le Destin a repris trop tôt un homme dont le comportement
tout entier honorait la condition qui est la nôtre. Comme il est consolant de se dire qu’il existe parmi nos semblables des êtres comme John Close... Les valeurs de l’esprit et du coeur nous différencient seules de l’espèce animale.
Les anciens de la Brigade ont perdu un de leurs meilleurs camarades. Il n’est
pas exagéré de dire que la Belgique a perdu un des artisans de notre présence
parmi les vainqueurs, en 1945. Parce qu’en définitive, c’est cela le rôle de la
brigade au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Il fallait qu’en dehors de la foule de ceux qui croupissaient dans des camps de prisonniers ou des quelques
rares qui militaient dans la résistance, d’autres soient présents parmi les troupes du débarquement. Et cela fut. John Close aurait très bien pu rester à Bagdad comme d’autres sont restés à Bruxelles... Mais il faut un certain courage pour
« quitter ses pantouffles ». Et cette audace n’est pas donnée à tout le monde.
Jean Henri Close s'est éteint le 11 août 1976 à Bambury, en Grande-Bretagne où il résidait. Cultivé, bien élevé, racé dirions-nous, ce remarquable polyglotte avait un esprit averti qui, dans les schémas des liaisons radio-téléphoniques, donnait libre cours à une intelligence hors-pair.
Extrait
« Des Hommes Oubliés »
par Guy Weber
Didier Dufrane et Jean-Louis Marichal